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Taiwan : un art de vivre chinois

L’air est très frais, le soleil n’a pas encore déchiré le voile gris qui recouvre Taipei. Impassibles, les adeptes de taï chi n’en ont cure. Chaque matin ou presque, ils s’adonnent à cet art martial devant le Concert hall. Comme son pendant de l’autre côté de la vaste esplanade qu’est le Théâtre national, l’édifice a la forme d’une pagode traditionnelle. Tous deux ouvrent la perspective sur le mémorial de Chiang Kaï Shek, le fondateur de la république, un monumental bâtiment qui a, lui, un évident air de famille avec le temple du Ciel à Pékin.

Chaque matin ou presque, les adeptes de taï chi s’adonnent à cet art martial près du mémorial de Tchang Kaï Shek.

Enseignes historiques

Une bonne entrée en matière dans la visite de la capitale. Mais pour prendre le pouls de la ville, il faut commencer par les vieux quartiers populaires le long du fleuve Danshui. Là où abordaient autrefois les jonques chargées de victuailles. Les légumes et les fruits ont disparu des nombreux étals qui parsèment toujours les trottoirs, remplacés par des viandes ou champignons séchés, des tissus et des broderies.

Bon nombre d’enseignes historiques sont restées. Comme la maison Wang, qui vend les thés réputés –ici, les amateurs sont exigeants-, qu’elle produit dans ses murs depuis 1890. Sans guère de changements dans ses méthodes. Le visiteur peut le constater avant de déguster ce qui fait la fierté de la maison, un oolong des hauts plateaux, le chi chong, torréfié au charbon de bois comme les autres thés.

Les marionnettes occupent aujourd’hui encore une place importante.

Non loin de là, installé lui aussi dans une demeure ancienne, le musée de marionnettes Lin Liu-Hsin. L’occasion de flâner encore un peu dans ces petites rues bien vivantes. Puis d’admirer quelques unes de ces figurines qui ont traversé les âges, de mesurer leur emprise. Dans les années 1980 encore, un spectacle télévisé de marionnettes figeait le pays tout entier pendant près d’une heure chaque jour de l’année !

Un gigantesque bambou

Comme toutes les grandes villes asiatiques, la capitale taïwanaise a grandi trop vite. Beaucoup de ses quartiers entre deux âges n’ont pas de grâce particulière. Ceinturés par de ternes immeubles, les vieux temples n’en prennent que plus de majesté. Des îlots de sérénité dans le tumulte ambiant. Datant de 1738, le temple de Longshan est l’une de ces pépites. Même s’il est souvent bondé. Tout à leur dévotion, les nombreux fidèles ne voient plus son élégance, ses ors et ses vieilles colonnes de bois.

Le Taipei du 3ème millénaire est impressionnant. La figure emblématique en est le « one-o-one », le 101, ainsi baptisé parce que ce gratte-ciel comporte 101 étages. Sa silhouette, qui s’envole vers le ciel jusqu’à 508 mètres, évoque un gigantesque bambou. Pendant quatre ans, de sa construction jusqu’en 2008, l’immeuble a été le plus haut du monde. Les visiteurs se pressent toujours en rangs serrés pour monter à la plateforme panoramique. Tout autour, les immeubles aux lignes avant-gardistes ont poussé comme des champignons.

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Situé dans la banlieue verte de la capitale, le Musée du Palais abrite les collections rassemblées au fil des siècles par les empereurs de Chine. © Paul Spierenburg

Le trésor du dragon

A Taipei se trouve le Musée national du Palais, l’un des plus beaux du monde. Entièrement dédié à l’art chinois, il abrite la plus fabuleuse collection jamais rassemblée. La Chine est un dragon, mais son trésor est ici.

La file d’attente est tellement longue qu’une poignée de secondes seulement est laissée pour admirer les plus belles pièces. Comme ce jade délicatement taillé en forme de chou, dont il reproduit à la perfection les nuances de vert et de blanc, datant du début de la dynastie Qing, au XVIIème. Au total, il y a 645 784 objets d’une beauté incomparable, la quintessence de l’art chinois. Ils ont été choisis au fil des siècles par les empereurs chinois qui les entassaient à la Cité interdite.

Au terme d’incroyables tribulations qui auront duré plus de 30 ans, ces collections ont été emportées à Taïwan en 1948 par le général Tchang Kaï shek lors de sa défaite devant les communistes et un certain Mao ZeDong. Depuis, elles sont entreposées dans des tunnels creusés dans la montagne, derrière le musée. Faute de place, une petite partie est présentée au public par rotation. Le musée, qui a déjà fait l’objet d’une sérieuse cure de jouvence au milieu des années 2000, va voir sa surface doubler au terme de grands travaux entamés en 2013.

Trait d’union entre ces deux mondes, la gastronomie. A l’image du « Din Tai Fung », logé dans le centre commercial qui occupe les premiers niveaux du « one-o-one ». Avec des allures de cafétéria huppée, le restaurant bruisse d’un joyeux brouhaha : rien à voir avec l’atmosphère compassée qui règne autour des grandes tables françaises. Pourtant il s’enorgueillit d’avoir été rangé parmi les dix meilleurs restaurants au monde par le New York Times ! Et sa succursale de Hong-Kong, qui sert exactement les mêmes raviolis cuits à la vapeur, se flatte d’une étoile au Michelin. Partout, jusque dans les modestes rendez-vous populaires au coin d’une rue, est servie une cuisine savoureuse.

Le temple de Longshan, au centre de Taïpei, est l’un des plus vieux de la ville.

Ce ne sont bien sûr pas les seuls attraits de l’île. La nature est belle. Pour s’en convaincre, il n’est pas besoin d’aller loin. Aux portes de la capitale s’ouvre le grand parc national de Yangmingshan. Les sentiers de randonnée traversent des forêts de bambous pour mener à des sommets escarpés, en passant devant des sources d’eau chaude et des fumerolles. Taïwan est tout en contrastes.

Informations pratiques

Office de tourisme : www.taiwantourisme.com

Y aller : la compagnie Eva Air est la seule à relier Taiwan en vol direct non-stop depuis Paris-CDG, à raison de trois vols hebdomadaires, de quatre à partir du 17 mai 2013. Eva Air propose aussi un large éventail de correspondances vers de nombreuses destinations du continent asiatique et d’Australie.

Guide touristique Lonely Planet (en anglais mais le plus complet), 19,95 euros.

Bonnes adresses

  • A Taipei : hôtel Howard Plaza, 4*,
  • Taïnan, l’ancienne capitale, dans le sud de l’île, est une destination plaisante avec plusieurs temples et sites intéressants à visiter. A l’extérieur de la ville se trouve le centre culturel Ten Drum avec son spectacle de tambour rituel d’Asie qui tourne régulièrement en Europe. Hôtel design JJ-W, en plein centre ville
  • Au bord du lac du Soleil et de la Lune, un grand lac dans le centre de l’île où toutes les jeunes filles rêvent de passer leur lune de miel, hôtel Fleur de Chine, 5*.

 

Dans le sud de l’île, la ville de Taïnan est l’ancienne capitale. Elle offre un visage avenant, aussi ensoleillé que son climat méridional, où l’on fait des rencontres intéressantes.

Journaliste venant de la presse régionale, maintenant je ne fais plus que ce que j'aime. C'est simple, non ?

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