Après une bonne nuit dans un campement spécialement construit pour l’arrivée des premiers touristes, Maurice Freund arrive. « Cela fait 25 ans qu’il n’y a pas eu de touristes dans le secteur. Parce que c’était miné, c’était trop loin de NDjamena. Depuis Faya Largeau, ça devient accessible même si les pistes sont extrêmement difficiles ». Maurice Freund insiste bien sur l’aspect expérimental du voyage. Sur le plan touristique, tout est à construire car les structures déjà existantes n’ont pas les capacités et la logistique pour accueillir une centaine de clients. Nous voilà prévenu.
Des problèmes de 4×4 à répétition
Nous embarquons dans les 4×4 en direction de l’Ennedi. Moins d’une demi-heure après le départ, nous devons faire un premier arrêt. Un des 4×4 n’arrête pas de s’ensabler, le radiateur du notre semble perdre beaucoup d’eau. Le premier 4×4 retourne finalement à l’oasis. Cali, notre chauffeur, remplira une première fois le radiateur d’eau. Tous les quarts d’heure, nous ferons des arrêts pour refroidir le moteur en surchauffe. Cali et les autres chauffeurs iront même jusqu’à enlever le capot pour faire respirer le radiateur. Rien n’y fera, le moteur montera en chauffe toute la journée retardant notre avancée.
En chemin, nous croisons quelques vestiges de la guerre entre le Tchad et la Libye. Une carcasse de char est notamment visible à proximité d’un puits. Nous avons fait 80 km. Changement de programme. Cette nuit, nous dormirons à Kalaït à 270 km de là. Le trajet est encore long et difficile. A l’arrière du véhicule, nous sommes ballotés comme de la marchandise malgré les prouesses de nos chauffeurs. Sur le plan logistique, on ne peut pas dire que l’équipe était fortiche. Nous voyons bien que nous en sommes aux balbutiements du tourisme. Ils ont par exemple fait l’erreur de remplir un ancien jerrican de kérosène par de l’eau. Inutile de vous dire qu’elle était imbuvable. Quant à la nourriture, les proportions étaient sous-estimées et les produits peu variés. Nous avons pu rectifier le tir en achetant quelques denrées en quittant l’Ennedi.
Dunes du Djourab : berceau de l’humanité
Nous entrons dans l’erg Djourab qui s’étend du nord du Kanem au pied du Tibesti. Composé pour l’essentiel de petites barkhanes, des dunes en forme de croissant, il n’est pas facile à traverser car son sable est mou. Ensablement, surchauffe de moteur. Vous connaissez l’histoire. Je ne la refais pas. Mais, il faut ajouter au compteur quatre ou cinq crevaisons.
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Des camions gros porteurs chargés en natron creuse d’énormes sillons dans le sable mou. Ils prennent la direction de la Libye et du Soudan pour apporter les sels minéraux nécessaires aux dromadaires. « Deux grands sacs de natron, soit la charge d’un chameau, suffisent pour les besoins de dix chameaux pendant un an » (Catherine Baroin dans Les Toubou du Sahara central). Seuls les Land Rover d’anciennes générations savent rester dans les traces des gros porteurs. Les Toyota Hilux, plus rapides, doivent quitter la piste pour ne pas s’ensabler.
On a longtemps situé les origines de l’Homme dans le rift de l’est africain mais les recherches les plus récentes ont révélé que les hominidés Australopithecus bahrelghazali (Abel) et Sahelanthropus tchadensis (Toumaï) découverts le long des actuels cordons dunaires du Djourab font du Tchad le berceau potentiel de l’humanité. C’est le 19 juillet 2001 qu’Ahounta Djimdoumalbaye, membre de la Mission Paléoanthropologique Franco-Tchadienne dirigée par Michel Brunet, a déterré le crâne de Toumaï. Une découverte somme toute banale jusqu’à ce que les analyses datent le crâne à 7 millions d’années.
Kalaït de nuit
C’est de nuit que nous arrivons à Kalaït après 13h00 à batailler avec le désert et les pannes. Nous faisons le plein d’essence (il est prêt de minuit), mangeons rapidement avant de passer la nuit dans la cour des locaux d’une ONG suisse.
Le lendemain, cap pour Fada, capitale de la région de l’Ennedi. A l’entrée de la ville, des dizaines de carcasses de chars et de blindés libyens jonchent le sable. Elles nous rappellent qu’il n’y a pas si longtemps le Tchad était en guerre contre son voisin la Libye. La zone a été libérée en 1987. La bande d’Aozou ne sera restituée au Tchad qu’en 1994, sur décision de la Cour internationale de justice.
Avant d’entrer dans la ville, un barrage nous arrête. Le Président Idriss Déby est à Fada. La sécurité se renforce. Derrière les forces armées, des larges barils quadrillent la piste. Au delà, la zone n’a pas été déminée.