Il y a encore à portée de train des régions quasi inexplorées par nos compatriotes. Ceux qui connaissent déjà l’Autriche sont certainement passés à Salzbourg, Vienne ou le Tyrol.
Cet hiver, j’ai découvert une autre région dotée d’une nature et d’un folklore très préservés. Une région encore peu connue par beaucoup de voyageurs français : l’Ausseerland-Salzkammergut, dont les paysages ont été classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
L’Ausseerland-Salzkammergut c’est l’autre région d’Autriche. Celle à découvrir avant les autres.
Train de nuit Paris – Salzbourg en NightJet
J’ai entamé ce voyage depuis la gare de l’Est avec la ligne des chemins de fer autrichiens OBB en partenariat avec la SNCF : NightJet.
Il m’a fallu 8h30 pour rejoindre Salzbourg, la ville de Mozart. Les billets commencent à 40€, et pour plus de confort en compartiment couchettes dans lequel j’étais seul lors de mon voyage, comptez 160€ maximum.
En partant à 20h de la gare de l’Est à Paris, je me suis réveillé le lendemain matin un peu avant l’arrivée à Salzbourg dans des draps frais devant mon petit déjeuner servi par l’hôtesse de wagon.
À Salzbourg, sur cette étape obligatoire, j’ai volontairement fait une escale de 3 heures. Largement suffisant pour aller revoir la maison de Mozart, le Palais Mirabell et me perdre dans les rues de la vieille-ville. Une très bonne occasion pour faire quelques mises à jour photographiques sur la ville traversée par la rivière Salzach.
Ensuite, avec ma correspondance sur les trains régionaux de l’OBB, j’ai mis 2 heures pour atteindre Bad Aussee. En voiture, ce trajet aurait duré à peine une heure.
Bad Aussee, point central de l’Autriche et de L’Ausseerland-Salzkammergut
Bad Aussee est en effet le point géographique central de l’Autriche et aussi de L’Ausseerland-Salzkammergut. Bad Aussee, c’est 5000 habitants, soit un gros bourg de montagne dans la région de Styrie. Ici, trois sources de la rivière Traun se rencontrent. C’est dire si l’eau y est présente.
Bad Aussee, point central du folklore et de l’artisanat
Bad Aussee est connu pour son folklore et son environnement naturel préservé. Visiter les magasins de vêtements traditionnels autrichiens (et non tyrolien), Chez Rastl Gwand c’est un peu comme se balader dans un musée. . Et si l’envie de parader en lederhose vous prend (se traduit par “culotte de cuir”), vous pourrez les essayer. Les vendeurs se feront un plaisir de retoucher à votre taille tout ce qu’il faut.
Le reste de la vieille-ville est intéressant pour s’y perdre et aussi contempler les vieilles échoppes. Celles de l’ébéniste, du luthier…
J’ai poussé la porte de l’atelier et mini-échoppe Handdrucke-Seppwach qu’on peut approximativement traduire par “ fait avec les mains éveillées”. Marietta Wash, la gentille dame qui propose des carrées de soie aux motifs traditionnels et peints à la main avec une méthode proche de celle du batik, elle vous explique les processus de fabrication.
Demandez-lui de visiter l’atelier de confection qui est au-dessus du magasin. Si elle peut, elle fermera la boutique pour vous faire une démonstration à l’étage du dessus.
Bad Aussee, une après-midi aux thermes
Narzissen Vital Resort, c’est une structure énorme. Un hôtel de luxe, mais aussi une attraction thermale en lisière de la ville. De loin on peut penser à un centre commercial, mais ça vaut le coup de s’en approcher et même d’y rentrer. J’y ai passé une après-midi à me balader de bain de saumur en bassin rupestre dans lesquels on flotte dans le noir et dans le silence absolu. De piscine plus ou moins chauffées en extérieur comme en intérieur.
Je me suis même endormi dans un transat sur la terrasse face aux prairies blanches dans lesquelles les skieurs de fond vont et viennent. Pour clore l’expérience, je me suis trompé de sauna en m’engouffrant dans celui des femmes. On m’a vite fait comprendre mon erreur. Après-midi bien être assurée !
Sports d’hiver et grand air sur le domaine de Tauplitz et Bad Mitterndorf
Nous sommes dans les montagnes d’Autriche. Ici les sports d’hiver on connaît, on maîtrise et on pratique.
Je suis le moins skieur des journalistes français spécialisé en tourisme. Autant dire que je ne peux tester et parler des pistes de ski alpines et de leurs sensations. Par contre, à Bad Mitterndorf j’ai essayé tout un tas d’activités à ma portée. Ski doux, ski de fond, luge….
Ski de fond à Bad Mitterndorf
Dans cette station familiale, j’ai eu droit à une initiation de ski de fond en groupe. Échauffements et petits tours dans les prairies blanches histoire de prendre en main les skis aux pieds. Outre les parties de rigolade avec mes camarades qui ne se sont pas lassés de me voir les quatre fers en l’air tous les 200 mètres, Bad Mitterndorf est une station qui quel que soit son niveau de ski, offre la possibilité d’admirer des paysages montagnards vierges et totalement immaculés à cette période de l’année.
Au bout d’une heure de ski de fond, quand les chutes se faisaient de moins en moins fréquentes, j’ai enfin admiré en toute sérénité l’attraction qu’offre la station. Surtout pour les familles qui veulent partager des moments accessibles à tous et sans se lancer dans des furieuses descentes en ski ou en board.
Longue descente en luge à Tauplitz
Tauplitzalm c’est la station du petit village de Tauplitz situé un peu plus bas. On commence à y skier à 1665 mètres d’altitude. C’est la grosse station du coin. Elle est située plus haut que celle de Bad Mitterndorf.
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Les afficionados de la pure glisse trouveront des pentes à leurs attentes. L’endroit est connu pour son gros enneigement assuré chaque année et sa situation très ensoleillée. La station est aussi fameuse pour son hors-piste.
Après 2 télésièges qui m’ont permis d’arriver au sommet du Schneiderkogel à 1765 mètres, je me suis vraiment éclaté en descendant en luge la monstrueuse piste de 7 km qui rejoint le village et le centre de la station.
Franchement, sur la belle journée ensoleillée que j’ai eue, cette descente en luge m’a permis d’admirer toute la chaîne alpine environnante sans me priver d’une glisse très sécurisée.
Pour un déjeuner costaud entre deux descentes, je conseille l’excellent Gasthof Zauchenwirt pour une cuisine traditionnelle, familiale et généreuse. Le restaurant est situé dans le petit hameau entre les deux stations.
Le Lac d’Altaussee pour les remises en forme
Altaussee est une toute petite ville, disons que c’est plutôt un gros village bordé par son lac. Les balades autour de celui-ci se font à pied ou en calèche. Une couverture sur les genoux, ce moyen de transport est bien agréable l’hiver. Avec une calèche, on peut aller jusqu’au rocher sur lequel est gravé le nom du compositeur allemand : Richard Strauss. Lui aussi aimait méditer sur les bords du lac d’Altaussee.
Depuis l’Antiquité, Altaussee était pourvu comme dans pas mal d’endroit de la région, de mines de sel qui pour la plupart sont abandonnées aujourd’hui.
Le calme engendré par la situation d’Altaussee au pied des montagnes qui l’entourent, en font un village connu pour ses cures de détox. J’ai eu la chance de visiter le médi-centre Vivamayr. Il s’agit d’un établissement médical et hôtelier très haut de gamme. Il propose des cures basées sur un retour à l’équilibre physique et mental par la méditation et un régime alimentaire strict, approprié. Et sans sucre. Même les fruits y sont bannis. Kate Moss et Mick Jagger seraient des habitués.
Grundlsee, le pays silencieux
Grundlsee est une minuscule commune bordée par le plus grand lac de la région : le lac éponyme de Grundlsee avec une surface de 4,22 Km².
J’ai adoré cet endroit et qui fait partie des perles de ce voyage. C’est d’ailleurs ici que j’étais logé pendant 3 nuits dans l’hôtel 4 étoiles de la chaine Mondi. La vue sur le lac depuis la plupart des chambres est incroyable. Nous sommes vraiment dans une carte postale alpine. Quel plaisir de me réveiller tous les matins avec en contrebas, au pied de l’hôtel, le lac bordé par l’emblématique manoir Schloss Grundlsee sur sa rive sud encore très sauvage.
Une petite route qui longe la rive nord du lac et qui se termine en fond de vallée justifie qu’elle soit peu fréquentée et surtout les camions y sont absents. C’est la raison pour laquelle j’explique le silence inouï de cet endroit. Un silence permanent. Bien sûr le manteau neigeux est connu pour étouffer les bruits. Il contribue à cette sensation devenue rare en Europe et franchement pleine de bienfaits pour ce petit séjour.
Cette absence de bruit parasite est un phénomène assez rare, même en montagne. Ce lac est vraiment une aire de repos au sens noble du terme.
Le Lac Toplitzsee derrière celui de Grundlsee
Le Lac de Grundlsee est une perle, mais en poussant un peu, à quelques centaines de mètres à pied toujours vers le fond de vallée, on trouve encore un bien plus petit lac, celui-ci très confidentiel. Le lac de Toplitzsee. Une vraie merveille !
Ce lac est alimenté par un affluent de la rivière Traun qu’on retrouve à Bad Aussee. C’est donc aussi un sous affluent du Danube.
En partant du bout du lac de Grundlsee et en traversant la forêt qui oblige à longer le pied de hautes falaises, on atteint en 20 minutes de marche à peine ce petit lac Toplitzsee et ses 54 hectares. Je n’exagère pas, mais sortir des bois et déboucher sur cette étendue d’eau donne une nette impression d’être dans le grand nord canadien pour ceux qui connaissent. À cet instant, j’ai vraiment cru débarquer sur une pourvoirie abandonnée de l’Homme. Ici la nature est reine. Seul un petit restaurant ouvert avec parcimonie et qui ressemble à une grange dotée d’une superbe terrasse en bois, témoigne du passage de l’Homme. Sous les paysages enneigés, l’endroit m’a vraiment frappé.
Si j’ai trouvé les berges de son grand frère, le lac de Grundslee silencieuses, ici sur le lac de Toplitzsee, le son est plus qu’étouffé. Mes oreilles n’ont pas l’habitude d’un tel silence. C’est très perturbant et en même temps fascinant.
Autour de ce lac de Toplitzsee, j’ai passé 1 heure à froisser la neige avec mes pieds. Si on est un amoureux inconditionnel de la nature, cet endroit justifie à lui seul le voyage. J’ai presque du mal à le mentionner ici dans un article tellement je voudrais qu’il reste tel que je l’ai découvert : vierge et isolé.
Le trésor du lac de Toplitzsee
Pour la petite histoire, une rumeur mentionne un trésor caché ici par les nazis et enfouis à 62 mètres de profondeur du lac. Seuls des faux billets préservés de l’eau et destinés à saboter l’économie de l’ennemie ont été remonté dans les années 60. Nul besoin d’un trésor pour galvaniser l’imaginaire dans la région de L’Ausseerland-Salzkammergut. La région est un trésor à elle seule.
Quelques infos pratiques
Info : info@austria.info
Le festival des narcisses
Pour ceux qui préfèrent découvrir la région au printemps, c’est tout à fait possible. Notamment pour assister à l’un des plus jolis festivals de fleurs en Europe : le Narzissenfest. Quand les lacs accueillent des barges recouvertes de narcisses sauvages. Les couleurs sont partout. Sur l’eau et dans les rues avec les costumes des habitants. Les narcisses blanches en forme d’étoile fleurissent entre la mi-mai et la mi-juin. Chaque année, le Narzissenfest est attendu avec impatience par tous les Autrichiens qui n’hésitent pas à traverser le pays pour se rendre dans l’Ausseerland-Salzkammergut. C’est le plus grand festival de fleurs en Autriche. Les célébrations se manifestent par des concerts de musique folklorique, de l’artisanat fait main, par des concours de barges fleuris et d’autres réjouissances. Le prochain est prévu du 1er au 4 juin 2023.
