18h00, 20 février 2011, aéroport de Djerba – L’Airbus A320 de la compagnie Aigle Azur se pose sur le tarmac de l’aéroport à 10 km à l’ouest d’Houmt Souk, la principale ville de l’île.
C’est un peu l’interrogation qui domine. Que nous réserve les lendemains de la révolution du Jasmin ?
Petit rappel des faits. Mohamed Bouazizi est un marchand ambulant de 26 ans exerçant sans autorisation qui vendait des fruits et légumes. Après la confiscation de sa marchandise par la police, il tente de plaider sa cause auprès des autorités. Il n’est pas entendu. Le 17 décembre 2010, il s’immole par le feu devant la préfecture de Sidi Bouzid, ville de 40.000 habitants au centre de la Tunisie. C’est de ce fait divers, symbole du désastre économique du pays que la révolte tunisienne, plus communément appelé la révolution du Jasmin, a pris ses armes jusqu’au départ forcé de Ben Ali et de sa belle famille. Et c’est aussi en grande partie grâce aux réseaux sociaux, facebook et twitter en tête, que le soulèvement populaire a été possible. Ils ont été le relais et l’élan indispensables à la cyber-révolution tunisienne.
Pas de forces armées sur le tarmac, pas de police non plus. Tout paraît normal si ce n’est le peu de touristes présents dans l’aéroport. Les premiers vols ont repris depuis cinq jours à peine ; le notre était plein.
Nous passons rapidement la douane et la sécurité, toujours aussi laxiste. Rien ne semble avoir changé depuis ma première venue en 1997.
Mohamed, guide pour Clubaventure, nous attend et nous conduit à l’hôtel Arischa, un ancien caravansérail situé au centre de la vieille ville.
Après nous être installé, nous partons manger à l’extérieur de l’hôtel au restaurant les Palmiers. Les informations passent en boucle à la TV. Un seul sujet domine l’actualité : les révolutions arabes avec une large part à l’après règne de Ben Ali. Des coffres-forts remplis de dinars, dollars, euros et bijoux ont été découverts dans le palais de Tunis. C’est l’indignation chez les quelques djerbiens scotchés devant le poste de télévision du restaurant. Ils sont fiers de leur révolution : « nous avons gagné notre liberté » me rappelle l’un d’entre-eux.
Nous retournons à l’hôtel. Nous n’avons pas rencontré un seul touriste depuis que nous avons quitté l’aéroport. Sur le chemin, Mohamed nous exprime sa satisfaction de nous voir. Nous sommes ses premiers clients de l’année 2011.
Les révolutions arabes sont en marche. Après la Tunisie, l’Egypte, Bahreïn, le Yémen ou la Libye prennent le relais.
21 février, Mareth, sur la route pour le Sahara – Après un premier contrôle de police, nous dépassons un car brûlé pendant la révolution tunisienne. Il ferait parti d’une flotte appartenant à la famille Trabelsi. Quelques centaines de mètres plus loin, des lycéens manifestent, chose impensable il y a quelques semaines, pour virer leur proviseur nommé par le gouvernement Ben Ali.
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Des pompes à essence artisanales et illégales jalonnent la route. Devant la pauvreté grandissante et le désarroi de la population, le gouvernement de Ben Ali fermait les yeux depuis quelques années sur ce trafic avec la Libye. C’est de cette situation économique insoutenable et d’une liberté d’expression muselée que la révolte s’est propagée.
25 février, désert du grand erg oriental à proximité de Douz – Cela fait cinq jours que nous arpentons le désert, de dunes en dunes, de bivouac en bivouac sans aucune nouvelle des révolutions arabes. Pour notre dernier campement dans le désert, un chamelier nous informe que la révolution s’accentue en Libye. La réponse de Kadhafi est sanglante. Il nous parle de plus de 3000 morts. Le lendemain, sur la route du retour à Djerba, la radio locale annonce 10 000 morts en Libye. Impossible de vérifier ces chiffres.
Sur le bac qui nous permet de relier le continent à Djerba, quatre bus d’une bonne cinquantaine d’égyptiens émigrés en Libye embarquent avec nous. Sans la moindre affaire sauf ce qu’ils portent sur eux, ils fuient la répression de Kadhafi avec l’aide de volontaires tunisiens. Ce soir même, certains d’entre-eux prendront un des avions affrétés par le gouvernement égyptien pour le Caire.
Comme un symbole, un égyptien s’empare du drapeau tunisien qui flotte sur le bac et l’embrasse. "Thanks Tunisia" crie t-il à plusieurs reprises.
27 février, 11H00, Houmt Souk – des chaînes de solidarité se mettent en place chez les djerbiens pour aider les égyptiens. De l’eau, de la nourriture, un toit le temps de pouvoir rentrer sur le Caire. Un élan de solidarité que certains djerbiens espèrent voir déboucher sur des Etats-Unis d’Arabie sinon au moins une union plus franche entre les pays arabes. Derrière la révolution, la politique n’est jamais très loin.
27 février, 16H00, aéroport de Djerba – Les files d’attente à toutes les portes d’embarquement sont immenses. Des milliers d’égyptiens attendent depuis des heures de pouvoir enregistrer et rentrer au pays. La tension est palpable et des échauffourées éclatent ici et là. Depuis la France, je ne suis pas sûr que mes concitoyens saisissent véritablement la situation qui se joue dans les pays arabes. Combien de morts encore pour la liberté ?
Merci pour ce carnet. C’est factuel et sobre. Je pense que vous avez bien fait d’utiliser ce ton