A force d’entendre les mérites d’un petit coin du nord-ouest de l’Europe appelé la Suisse Normande. Une appellation qui mixte deux régions du monde que j’affectionne. Il n’en fallait pas plus pour monter ce petit voyage en France et découvrir l’Orne en 5 étapes Normandes.
1 – Argentan, méconnue, mais…
Comme toutes les villes à qui colle une réputation de “ il n’y a rien à faire “, il y souvent plein de choses à y faire quand on s’en donne la peine.
Arriver en voiture à Argentan en Normandie en plein midi un jour de grande chaleur, c’est un peu comme débarquer dans un épisode de Walking Dead avant l’apparition des zombies. On cherche des vivres dans les rues silencieuses tout en ayant peur de se faire repérer par les morts-vivants. C’est dans cet état d’esprit que je repère une terrasse avec des fauteuils designs et au confort prometteur dans le quartier de la gare. Le tout est bien disposé à l’ombre. L’enseigne me parle : “Hôtel Restaurant Les Voyageurs”.
On y trouve une très bonne table
Cette nouvelle adresse est à elle seule une très bonne raison de s’arrêter à Argentan. Surprise ! C’est l’un des fils du chef étoilé Arnaud Viel qui tient Le Voyageur. Il vient d’ouvrir. Est-ce la raison pour laquelle les prix sont abordables ? En tous les cas la qualité est au rendez-vous. Le concept me plaît : des plats traditionnels en bocaux. Ils sont certifiés fraîcheur absolue et issue de la cuisine du terroir de l’Orne. Le restaurant dispose d’un petit espace épicerie fine pour emporter les bocaux et autres produits de fabrication maison. (Ne vous fiez pas à la photo de Google qui illustre l’adresse, c’est encore le design des anciens propriétaires).
Une nuit presque parfaite
Cette première rencontre m’a naturellement orienté le soir dans l’établissement du fameux papa étoilé au guide Michelin et lui aussi installé à Argentan : Arnaud Viel, dans les cuisines de l’hôtel Renaissance d’Argentan. Tout un programme ! J’y ai dîné et passé la nuit. Hormis le spa (ou plutôt la petite piscine et le bassin à bulles bienvenues à la fin d’une journée de reportage), je ne suis pas tombé à la renverse. Peut-être suis-je tombé un mauvais jour ? (Ça arrive). Peut-être n’étais-je pas disposé ? (J’évite que ça arrive car les enjeux sont sérieux). Si vous devez y dormir, évitez les chambres sur le boulevard qui, comme d’un fait exprès, devient l’artère d’une ville ultra fréquentée par les automobiles. Fenêtres ouvertes, le brouhaha est intenable. Quant à l’accueil, il est est un peu… Mmm… Comment dire ? C’est bien, mais… Un soupçon de lâcher prise serait très bien aussi.
L’intimité de grands artistes
Je l’ai appris sur ce voyage, Fernand léger était originaire d’Argentan. Il a même son musée récemment ouvert et qu’il partage avec un autre artiste et compagnon argentanais : André Mare moins connu. Le musée est aménagé dans la maison familiale en plein cœur de la vieille ville dont les petites rues autour de l’église Saint-Germain ne manquent pas de charme. Le musée est bien plus modeste que celui de Biot dans les Alpes-Maritimes, mais plus intime pour les admirateurs de l’artiste. J’y ai appris qu’en 14-18, Fernand Léger incorporé avait été intégré dans une unité de camouflage. Son boulot était de dessiner des formes et des couleurs qui servaient au camouflage des l’armée. On peut vraiment parler d’art de la guerre. C’est ce que je pense tout en admirant les croquis du soldat Fernand Léger exposé à l’étage.
2 – Des balades en Suisse Normande
Voilà la bonne raison de ma venue ici : découvrir cette Suisse Normande. La Suisse est petite, la Suisse Normande l’est encore plus, mais quel régal ! Je suis parti du centre d’informations touristiques de la Roche-d’Oëtre. C’est Virginie qui m’y attend pour me faire découvrir le Sentier de Granit. Attention, gourde et bonnes chaussures sont indispensables.
Nous commençons la mini-randonnée en admirant le rocher du Profil Humain qui ne vole pas son appellation. Nous sommes sur un belvédère naturel qui offre une vue vraiment dégagée sur le panorama. 100 mètres plus bas, les Gorges de la Rouvre et même si la canopée empêche de voir la rivière du même nom qui coule dessous, on la devine très bien. Nous descendons le sentier aménagé en zigzag jusqu’au lit de la rivière. J’ai adoré cet endroit plein de magie. Je pèse mes mots. L’ambiance est féerique. Les rochers mouillés qui dépassent des flots mouvementés donnent une impression de film fantastique. On s’attend à voir la pointe d’une licorne ou la silhouette de John Snow à chaque détour d’une souche moussue. Faire du canoë l’hiver dans ces Gorges de la Rouvre est possible. Ça donne une idée du débit même si en été il est moins important.
En suivant la rivière vers l’amont (et vers l’aval d’ailleurs), on croise des panneaux explicatifs sur la faune et la flore. L’endroit n’en manque visiblement pas. Fin de l’itinéraire en 90 minutes et en prenant le temps de s’arrêter pour des photos. La fin du sentier longe les champs qui mènent à la Maison de la Rivière et des Paysages. L’environnement de cet endroit est bien indiqué pour un pique-nique vraiment champêtre.
Si on revient par le même chemin jusqu’au centre d’information, l’alternative de déjeuner au nouveau bistro restaurant pizzeria le Cailloux est possible. J’ai testé. Un peu cher pour ce que j’avais dans l’assiette et le verre. Avis à ceux qui veulent confirmer ou infirmer cette info sur le long terme. J’attends vos commentaires…
Dans cet établissement, seul le Meuh-Cola fabriqué dans la Manche m’a fait sourire.
En voiture depuis le centre d’informations touristiques de la Roche-d’Oëtre, tournez à droit au calvaire à l’entrée de Saint-Philibert. Longez la crête et en regardant à droite vous profiterez d’une superbe vue sur la boucle de la rivière Orne et les bocages normands du Calvados juste en face.
3 – Domfront, la belle endormie
Nous sommes à 40 mn de route de la Roche d’Oëtre. Domfront est une petite citadelle médiévale. Elle mérite une nuit sur place. Hervé Morin président du Conseil Régional de Normandie ambitionne d’y injecter 20 millions d’euros pour le tourisme. Affaire à suivre. Si le projet aboutit, il est clair que cette ville va faire parler d’elle.
Domfront, c’est d’abord les ruines romantiques d’un château du XIIème siècle. Tout aussi romantique que les ruines : le parc autour des fondations. j’ai aimé y admirer le bocage et le panorama en contrebas tout autour de la ville. Plus proches de notre époque, les longs bâtiments qu’on distingue au pied de la citadelle et de l’ancienne gare appartiennent à Lactalis. Il s’agit de la plus grande usine de camemberts au monde. Voilà une info utile pour briller lors des dîners en ville. (Au moment du fromage bien entendu 😉 ) .
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Domfront a aussi un cœur de vieille ville intéressant et même s’il semble un peu stratifié dans les années 60, le charme opère. Suivez les panneaux “ Circuit de la Cité” pour être certain de ne rien rater. Prenez un verre sur la petite terrasse au pied de l’église Saint-Julien consacrée en 1933. De là, on contemple au mieux ce premier monument français construit en béton armé. L’édifice religieux est connu pour son style néo-byzantin et art déco.
Adressez-vous au personnel ou même au directeur de l’office de tourisme. Très sympathiques et passionnés, ils vous indiqueront les petits trucs à savoir ou les heures de visites guidées jusqu’en haut du clocher Saint-Julien. De là, juste sur les cloches, on peut prendre l’ampleur de la campagne Normande environnante.
4 – En route pour Bagnoles-de-l’Orne
Bagnoles-de-l’Orne a tout d’une ville thermale française. Une ambiance à peine surannée, des anciens palaces (je n’ai pas employé le mot “vieux”), un plan d’eau entouré de casinos, un quartier Belle Époque, des thermes et des Folies d’architectures… Planning serré oblige, j’ai malheureusement fait un tour trop rapide de la ville. J’ai hâte d’y revenir quand l’ancienne gare sera transformée en lieu d’expo. En attendant, même au pas de course, je suis monté sur le Rocher du Chien d’où on capte une superbe vue sur l’imposant bâtiment historique des thermes. L’Arboretum et ses 168 essences dont un séquoia géant est à voir.
Bonne nuit à Bagnoles-de-l’Orne
C’est cher, mais pour l’avoir testé et savouré, je le recommande si vous décidez de vous offrir un palace : Le Manoir du Lys est un ancien pavillon de chasse situé à côté du golf. La carte du restaurant est assurée par un autre chef étoilé sans interruption depuis 1998 : Franck Quinton. Dîner sur la terrasse les soirs d’été. C’est l’excellence. La qualité côtoient la décontraction. Ici pas de frime. Tout est dans l’assiette, les verres et les sourires du personnel.
Remarquable jardin Retiré
Un autre coup de cœur sur cette petite escapade découverte dans l’Orne : le Jardin Retiré d’Annie Blanchet. Son œuvre végétale est classée Jardin Remarquable et c’est largement mérité. Le jardin n’est pas grand, mais on perd toute notion de l’espace une fois dedans. Le site est comme une bulle posée au milieu de Bagnoles-de-l’Orne qui en soi est déjà une bulle au milieu de la forêt.
Annie est une ancienne danseuse professionnelle retirée ici dans la célèbre station thermale de l’Orne. Avec force, avec passion et avec une très belle sensibilité, elle a créé ce petit monde de végétaux autour de sa propre maison. Et ça marche ! L’endroit est harmonisé et a du sens. Le discours de la jardinière est vraiment cohérent en terme d’écologie. Même si vous êtes “ foot et voiture de course “, ça vous plaira ! (Pardon pour le cliché).
5 – Le Haras National du Pin “le Versailles du Cheval”
C’est le fleuron touristique du département. Il s’agit des anciennes écuries royales. Avant l’automobile il fallait bien des chevaux pour faire tourner le royaume de France. C’est Louis XIV qui a voulu cet endroit consacré aux chevaux. Aujourd’hui le solide cheval du Perche y est bien représenté.
Au Haras National du Pin tout le monde semble être passionné. J’ai eu l’impression de trop parler et de ne pas respecter un certain recueillement lorsque la guide m’a amené sur la tombe de Furioso. L’étalon de course mondialement connu est enterré ici sous un mail de vieux chênes.
En plus des balades en carrioles tirées par des perches, vous pouvez admirer les pastilles durant l’été. Ce sont des petits spectacles équestres. Ils ont lieu en milieu d’après-midi dans la cour d’honneur du château. J’ai eu la chance de voir voltiger entre 2 étalons la célèbre artiste équestre Julie Vauthier. Julie est ici en résidence pendant quelque temps encore.
De la voltige équestre pour finir en beauté un séjour de haute volée.
L’Orne est une destination sur laquelle je reviendrai.
Carnet pratique
Le site départemental du tourisme est particulièrement clair et mis à jour : Orne Pure Normandie.
La pomme, le cidre, le Calvados et l’Apéri’Go
Sur la route d’Argentan, à deux pas du Haras national du Pin, arrêtez-vous à La Maison Perigault. C’est probablement Gérald agriculteur, récoltant, producteur de jus de pomme, de cidre, de pommeau de Normandie AOC de calvados Pays d’Auge AOC de père en fils qui vous accueillera sympathiquement. D’ailleurs sur la 1ère page du site internet de cette maison est inscrit : “ Si la porte est fermée, appelez-nous on arrive ”. J’aime beaucoup ! J’y ai apprécié l’invention maison : l’Apéri’go. Soit un jeune calva , du jus de pomme, du sirop de grenadine et un zeste d’agrume = cocktail au top !
Greeters Orne
C’est un service mise en place par Orne Tourisme. Greeters Orne c’est un habitant passionné qui souhaite vous faire découvrir sa ville, son village, ses passions sur le territoire. J’aimerais bien tester ça un jour.