Dans le monde des blogueurs de voyage, il y a ceux qui aiment se montrer et qui font le show devant les objectifs et il y a les autres, plus discrets, qui se sont forgés une identité à travers leurs images et leurs mots, en laissant couler sous leur plume des émotions à partager avec leur public. Piotr Kroczak est de ceux-là . Dans ses deux blogs, Bien Voyager et 1001 Pas, il invite ses lecteurs à le suivre au fil d’une route incertaine mais exaltante de voyages, de découvertes et d’aventures, à travers des articles riches de sens et à la profondeur troublante. I-Voyages a souhaité en savoir plus sur ce blogueur de l’ombre au franc parler qui laisse toujours une empreinte derrière lui.
IV : Piotr, un franco-polonais voyageur, ce n’est pas franchement courant, non ? A quel moment cette vie t’a-t-elle été inspirée ?
Il y a beaucoup de français d’origines polonaises, dans le Nord principalement. Je ne sais pas s’il voyagent tous mais il doit y en avoir un certain nombre dans le tas. Ils ne sont pas tous blogueurs voyages, il est vrai. Mon histoire est une histoire comme tant d’autres je pense. Depuis, il est vrai que mon cÅ“ur (ma compagne est polonaise) a fait que je suis installé en Pologne. Je suis en effet fier de mes origines et fier d’être français. Je suis un mélange de deux cultures.
IV : Tu évoques le regard décalé de ton entourage sur ton choix de vie. Tu parles même un peu de folie. Crois-tu que, de nature, le blogueur voyage qui court après ses rêves soit un petit peu fou ?
Mon entourage avait et a toujours des raisons de s’inquiéter. Le métier de blogueur voyage est instable. On ne sait pas de quoi demain sera fait. Ce n’est pas un métier qui enrichit notre compte en banque mais un métier qui enrichit notre âme. Il faut toujours pouvoir se renouveler, apprendre de nouvelles techniques, pratiques, s’adapter à son lectorat, le transporter avec sa plume, ses photos, ses vidéos sur des supports toujours plus chronophages. Mais, depuis, ma famille s’est habituée à mon parcours un peu chaotique. Cela me rend heureux de faire ce que je fais. Ils le savent. Ils sont contents pour moi. Donc je continue. Le jour où cela ne m’apportera plus de joie. C’est simple, j’arrêterai.
IV : Qu’est-ce qui a changé depuis ton premier billet sur ton blog Bien Voyager ?
Le blog en lui-même déjà . Il a changé de peau plusieurs fois. Mon style a évolué. J’ai moins peur d’être plus poétique, plus personnel. J’ai progressé en photo. Je me suis lancé sur un autre blog. Le blog outdoor 1001 pas. J’ai cofondé un collectif outdoor, la TeamAventuriers. Depuis, je pense donc avoir évolué, grandi, mûri mais je réalise encore que j’ai beaucoup à apprendre. Au départ, il y avait également le projet d’un tour du monde à deux. Ce projet est déplacé à plus tard. On y reviendra un jour je pense. La raison d’être du blog a changé mais son essence, l’amour de l’aventure et des voyages, est toujours là .
IV : Contrairement à d’autres blogueurs qui ont choisi d’être au premier plan de leurs images pour se créer une audience, tu es plutôt du genre à te planquer. Pourquoi ce choix ?
Une forme de timidité peut-être. Un mur pour protéger ma personne. Le regard et la critique des autres sur ce que l’on produit peut être très destructeur, autant essayer de limiter les dégâts. Au fond, je suis quelqu’un d’introverti. J’aime le voyage intérieur. Je montre mon visage sur mes blogs, sur la page à propos, mais cela ne va pas au-delà . Je ne souhaite pas que les gens fassent un voyage à mon image mais je préfère les inspirer. Ils n’ont pas besoin de voir ma tête sur mes photos pour cela. Alors je disparais dans le décor. Je deviens une silhouette dans laquelle chacun peut se fondre et se projeter. De fait, je ne souhaite pas de reconnaissance pour ce que je suis, pour mon visage mais pour ce que je transmets. Et puis, quand on voit le temps que les gens perdent à produire le selfie parfait, autant le passer à quelque chose de plus productif.
IV : Ta plume est très particulière dans le monde du blogging. On sent que le processus créatif vient de loin et prend du temps pour sortir les choses. Ne serais-tu pas davantage un artiste qu’un blogueur finalement ?
Je pense qu’il y a une équation magique pour les artistes: passion + travail + talent = émotion. On peut l’appliquer à toute forme d’art. La musique, le cinéma, l’écriture… je ne pense pas être talentueux à la base alors je compense par le travail, l’obstination et la passion. A partir du moment où ce que l’on produit transmet une émotion, je pense que c’est une forme d’art. Mais cela nous rend tous artistes. Est-ce que je pense que ma plume est particulière ? Non. Beaucoup de blogueurs, voyages ou non, partagent leurs émotions, leurs peurs, leurs rêves dans leurs récits. Avec plus ou moins de romantisme. Par contre, tu as raison, certains textes mettent du temps à voir le jour. Les miens mettent parfois plus d’un an au retour d’un voyage. Il faut le temps que les mots mûrissent à l’intérieur. Que je les digère. Mais concernant cette plume particulière, moi je pense notamment à mon collègue Jonathan de WorldPokertrip qui lui, dès le départ, a osé partager ses émotions. Il a captivé les lecteurs de son blog et depuis, son récit s’est transformé en livre qu’il m’a d’ailleurs envoyé avec une dédicace.
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IV : Selon mes sources, je sais que tu ne fais pas l’unanimité chez tous les blogueurs. On peut même dire que certains t’ont pris en grippe. Est-ce que tu souhaites en parler en présence d’un avocat ?
(rires) Dans les groupes privés sur Facebook, où les blogueurs voyages partagent des informations, des questions, des coups de gueule ou des délires, je peux être très direct. Forcément, on ne se fait pas que des amis. Et puis vouloir faire l’unanimité reviendrait, dans ce milieu comme tant d’autres, à faire le jeu de l’hypocrisie. Cela n’est pas mon souhait. Cela n’est pas dans ma personnalité.
IV : Y-a-t-il un ou des blogueur(s) qui t’inspirent et avec lesquels tu aimerais travaillé ?
Il y a déjà le Collectif de la TeamAventuriers. Des personnalités, des regards, des expériences différentes. C’est très enrichissant de travailler à plusieurs. A côté de cela, je collabore déjà avec quasiment 30 blogueurs voyages sur le projet photos 30 déclics que j’ai lancé par la suite. En dehors de cela, j’aimerai un jour travailler avec Jonathan de WorldPokertrip, Maider de MadebyMaider, Jeremy de Djsupertramp et Aline de NowMadnow. J’apprécie leur passion, leur talent, leur énergie. Il y en a d’autres bien évidemment mais il faut faire un choix !
 IV : En début d’année 2015, tu as d’ailleurs lancé le collectif Team Aventuriers. Une manière de laisser s’exprimer l’aventurier plus que le voyageur ?
Oui, clairement. L’attrait de l’aventure, je l’ai réellement découvert lors de mon voyage en Nouvelle-Zélande. Cela m’a pris au corps et au coeur. C’est comme un feu brûlant. Depuis, j’essaie d’assouvir cette passion avec mes collègues du collectif. Il n’y avait pas encore de groupe qui réunissait des blogueurs outdoor francophones dans un projet fédérateur à long terme afin de monter des partenariats plus ambitieux. Dans un sens, oui, le côté aventurier a pris le pas sur le côté voyageur mais toute aventure commence par un voyage…
IV : Côté aventure, tu t’es attaqué au projet de toute une vie : le challenge des 7 sommets. Est-ce une sorte de Graal où puiser l’énergie d’avancer ou un projet planifié qui suit son cours ?
Il faut être réaliste. Je dirais que c’est une sorte de Graal. Je n’ai pas les moyens financiers de m’y consacrer comme je le souhaiterais. Mais cela reste toujours dans un coin de mon esprit en fonction de mes possibilités. Si un jour je coche les bons numéros du loto, rien ne m’empêchera d’aller au bout. Mais plus que l’achèvement de ce projet, c’est avant tout le cheminement personnel qui importe. La rencontre de l’homme avec la montage, en toute humilité. Cela n’est pas une liste à cocher. Il n’y a pas de calendrier d’établi. Mais si je peux un jour en voir le bout, j’en serai fier.
IV : Où tes prochains pas te mèneront-ils en 2016 ?
Je ne sais pas encore. Loin j’espère. Sur des chemins escarpés avec des bivouacs à la belle étoile. Sur des sommets où le soleil pose son premier regard. A la rencontre d’hommes et de cultures qui vivent dans ces régions reculées. C’est une métaphore pour dire que je n’ai pas encore prévu grand chose ! En fonction du prix des billets d’avions, des projets personnels et de ceux menés avec la TeamAventuriers, nous verrons. Chaque année apporte de nouvelles surprises. J’espère que 2016 sera encore meilleure.