10 novembre 2003
Les clochards de la route.
Cap sur la très touristique ville de San Cristobal de las Casas. Sur le chemin vers Ocosingo, nous croisons des cyclistes étrangers.
Il s’agit d’un couple de suisses, comme le prouve la petite charrette qu’ils tirent, arborant un drapeau helvétique flottant au vent… Ils semblent débarqués d’une autre planète avec leur attirail flambant neuf, leurs casques aérodynamiques et leurs lunettes de soleil leur confiant une tête d’insecte. On dirait plus un défilé de mode pour cycliste qu’un couple d’aventuriers…
A leurs côtés, nous faisons triste mine avec nos T-shirts délavés par le soleil et notre sueur de plusieurs jours, nos sandales déchirées cachant de grosses ampoules et surtout nos vélos qui commencent à ressembler à de vieilles épaves sur roues ! S’ils ont l’air de cyclistes modèles, nous ressemblons davantage à des « clochards de la route », surnom que nous nous sommes donné pour l’occasion…
San Cristóbal de las Casas.
Après avoir parcouru une centaine de kilomètres dans les montagnes, nous rejoignons finalement Adèle à San Cristobal de las Casas.
Nous visitons émerveillés le marché haut en couleurs de la ville. Après de farouches négociations avec les vendeuses, nous nous décidons enfin à nous équiper de hamacs dignes de ce nom et craquons pour des couvertures bariolées, des bijoux fantaisie et d’autres produits artisanaux qui feront de parfaits cadeaux le temps venu ! Nous ne savons plus où donner de la tête entre tous ces étalages de couleurs vives… Malheureusement, nous sommes limités par la capacité de nos sacoches et il nous faut nous résigner à la modération.
Le soir, les sons des cuivres et des percussions d’un orchestre de salsa nous parviennent depuis la rue ! Nous suivons la mélodie jusqu’à un bar où les couples tournoient allégrement sur la piste. Stéphane danse avec Adèle. Quant à moi, je regrette de ne pas avoir pris de cours de salsa auparavant et je ne peux que les regarder depuis ma chaise. Après plusieurs heures d’attente, l’envie fait place à l’ennui et puis nous finissons par rentrer à l’hôtel.
Dernière étape mexicaine.
A l’aube, nous tentons de quitter discrètement l’hôtel pour raison économique, mais le concierge, qui a dû en voir d’autres, ne dormait que d’un œil et nous tend tranquillement la note à payer.
C’est déjà la fin de notre parcours avec Adèle, qui a choisit une autre route que la nôtre. Ce petit séjour en sa compagnie a été très agréable. En quelques jours seulement, j’ai eu l’impression de la connaître de longue date et je m’en suis fait une amie. Nous la reverrons en France !
Nous rejoignons Comitan en début d’après-midi, tout près de la frontière avec le Guatemala. Après nous être vus refuser l’hospitalité par des policiers peu serviables, nous nous rendons à l’auberge California et à sa salle de réception qui ressemble étrangement à une cour des miracles… En effet, un aveugle en béquilles et un cul de jatte difforme sont assis devant la télévision, l’un commentant les images à l’autre. La scène est plutôt cocasse ! Le gérant nous emmène ensuite à ce qui restera certainement dans notre vie la chambre la plus petite où nous aurons dormi : un tombeau sans fenêtre de 4 mètres carrés, où nous parvenons difficilement à entreposer toutes nos affaires… J’avais peur que Stéphane ne se sente pas bien étant donné ses crises de claustrophobie occasionnelles, mais tout s’est finalement bien passé, même si nous dormions quasiment l’un sur l’autre.
Le lendemain, nous partons au plus vite afin de quitter ce trou à rat et nous arrivons rapidement à la ville frontière de Ciudad Cuauhtémoc, après une nouvelle étape de près de cent kilomètres. Un coup de tampon sur le passeport et nous voilà au Guatemala ! Je dois avouer que je suis un peu triste de quitter ce pays qui m’a tellement apporté, mais je suis à la fois impatient de découvrir ce que nous réserve le pays du Quetzal…