Le réveil est toujours aussi peu matinal. Le soleil brille même si la nuit a été particulièrement fraîche. Jean-Marc sera le premier levé vers 8H15, nous le suivrons chacun notre tour et au final c’est vers 11H que nous lèverons le camp.
Aujourd’hui, nous devons pagayer un peu plus. Nous ne pourrons pas nous laisser dériver trop longtemps car de grandes lignes droites nous attendent. Heureusement, grâce à Colette, il n’y a pas de vent. Colette déteste le vent et elle l’avait décommandé lors de son inscription sur le séjour !
La rivière est lisse et reflète comme un miroir. De temps en temps, Jean-Marc persévère dans son intention de me voir perfectionner ma technique en matière de godille…
A la première ligne droite, gardant toujours espoir, nous décidons une fois encore de grimper un peu, devinez pour voir quoi? …des caribous… car mis à part nous, il n’y a pas âme qui vive!
La pente à grimper est très courte mais très abrupte, elle est marrante à redescendre. Nous repartons donc pour une nouvelle et longue ligne droite. A tribord la rive a changé, de grosses masses de rochers s’intercalent avec la toundra et les bouleaux.
Les jours se suivent et parfois se ressemblent…car comme la veille au soir, peu avant que nous nous arrêtions, nous irons à la découverte d’un campement GWICH’IN. Comme aux premiers jours nous marchons sur un tapis de hummock et Jean-Marc nous délivre alors une vraie leçon de choses en direct que voici.
Nous marchons dans une forêt qui s’appelle une «DRUNK FOREST» car les arbres sont plantés sur peu de profondeur à cause du permafrost et sur un sol très meuble à cause des mousses, des lichens et des hummocks. Les arbres sont donc plantés au sol de façon très instable et prennent donc un peu toutes les directions, il y en a dans tous les sens, comme une colonie d’arbres ivres, d’où le nom de «DRUNK».
Et puis, il attire notre attention sur les traces de passages des écureuils, sur les petits sentiers qu’ils laissent dans le lichen, sur les petits garde-manger qu’ils se font au pied des arbres, sur leur technique pour faire tomber les pommes de pins sans parler des champignons qu’ils stockent dans les arbres pour qu’ils ne pourrissent pas au sol.
Nous n’aurons pas vu de caribous mais nous aurons appris à lire la nature.
De cette drunk’n forest la vue était à nouveau magnifique.
Arrivée en bas pour reprendre nos canoës, HO! LA! LA! Le sol est particulièrement boueux, jusqu’en haut des chevilles, donc glissant…Jean-Marc s’installe dans le canoë, mauvaise entente…allez savoir pourquoi…j’entends Jean-Marc me dire «on y va»…Il y est allé…moi aussi…mais sans moi …alors HO!LA!LA! Mes bottes se remplissent d’eau et j’évite de peu la chute!!!
Mais nous avons eu une surprise des plus agréables. En effet, sur mon siège des GWICH’INS avait déposé un sac avec quelques victuailles de leur confection: de la confiture maison à base de baies, des fruits, du pain de leur fabrication qu’ils appellent bannock.
En voyant cela nous décidons d’aller à leur rencontre pour les remercier. Nous sommes juste à côté de leur camp et Jean-Marc connaît Peter, l’un d’eux. Nous faisons alors la connaissance de gens charmants, très hospitaliers. Ils nous offrent du thé, nous présentent leurs chiens. Nous passerons un long moment en leur compagnie. L’un deux nous fera observer, à la longue vue, un caribou majestueusement dressé, au loin, en haut d’une colline.
Pour ma part, cet instant passé en compagnie de ces gens et cette image du caribou restera sans aucun doute un des moments très forts de ce voyage.
Nous prendrons quelques photos et les saluerons chaleureusement avant de prendre congé de leur compagnie. Et c’est quasiment à pied que nous atteindrons nous camping au bord de la DRITFWOOD RIVER d’où nous réembarquerons demain.
Avec Jean-Marc nous prendrons le temps de suivre les traces d’un porc-épic en espérant retrouver sa cachette et le découvrir, mais ce fut en vain. Pendant ce temps, Colette allait se préparer pour son jeu favori du soir, trouver la première, la première étoile dans le ciel. Et à ce jeu, c’est vraiment une pro! Chaque soir, depuis le premier jour, elle scrute le ciel à la recherche des étoiles. La nuit est encore loin d’être noire et elle arrive, avec son regard de lynx à les deviner.
Jean-Marc et Philippe parviennent péniblement à la rattraper dans ce jeu, elle voit tout, du premier coup et la première.
Quant à moi, je n’arrive pas à comprendre comment elle fait, je ne vois rien, il fait encore trop jour pour mes petits yeux, alors là, Colette, CHAPEAU!!!
Nous mangerons un gros plat de pâtes tout en observant la lune montée dans le ciel, elle est énorme. Nous avons beaucoup de chance ce soir, car avec la pleine lune nous entendons hurler une meute de loup, les chiens des GWICH’IN leur répondent et en plus avec les aurores boréales, cette soirée est littéralement magique.