Vendredi 7 mars
Mon petit déjeuner favori : des tamales, une préparation à base de farine de maïs et autres condiments roulée dans une feuille de maïs. Il y en avait au poulet, au fromage, sucré. Je peux en prendre pour le déj’ ? Mario précise que c’est le repas de Noël, ce qui me surprend car je me souviens très bien en avoir mangé lors de mon premier voyage au Mexique. Lucia confirme que c’est un plat comme les autres et que ce sont en fait les mexicains installés aux Etats-Unis qui en ont fait leur repas de Noël.
Toujours aussi ponctuels, à 8h28 je laisse ma place à l’avant à Luis qui doit conduire le van jusqu’au camp de ce soir. Pour notre part nous reprenons les barques et le camion, en baissant la tête au passage des avocats (dangereux ces bêtes-là, c’est pour ça qu’on les mange, ça leur fait les pieds). La propriété porte le nom de Ranch Calderones et de nombreux paons s’ébattent dans les vergers. La pelouse est tondue impeccablement et à côté de nos chevaux une sorte d’arène sert sans doute à des rencontres à cheval. Nous passons à côté de deux courts de tennis. Ils nous ont réinstallé la tente WC mais ces dames n’apprécient pas que ça soit juste un trou et partent dans les buissons.
Nos chevaux sont prêts à partir mais il y a quelques changements de chevaux. Celui de Susan est malade du coup elle prend celui de Chip qui a trop mal au dos et est restée à la Finca (j’en ai profité pour lui demander d’acheter des cartes postales). Lucia ne monte pas avec nous et Shlomi qui voulait essayer le cheval de Chicho (refus catégorique de Pepe car le cheval est en apprentissage et donc un peu nerveux) est autorisé à prendre celui de Lucia. Shlomi au moins lui apprécie les galops et les longues journées, il est aussi un peu plus jeune que les autres. Pour ma part, je laisse les rênes longues à Morro bien décidée à prendre toutes les photos non prises jusque là, pour le plus grand plaisir du groupe très amusé de me voir mitrailler dans tous les sens (certains avouant être impressionnés par ma capacité à ne pas hésiter à me tourner dans tous les sens pour prendre mes clichés…).
C’est aujourd’hui notre dernière journée complète et c’est assez amusant de revoir les endroits que nous avons identifiés de l’autre côté de la montagne hier. Nous longeons le lac un moment. Etonnant comme les vieilles maisons en briques de terre cohabitent avec les quelques riches propriétés construites de ce côté. Plus à l’aise avec Morro je passe à l’avant, m’excusant au passage, prétextant que je veux des visages sur mes photos pour changer des dos. Ca ne pose aucune difficulté et je pense que la plupart sont ravis de se dire qu’ils vont pouvoir récupérer des photos d’eux à cheval. Nous passons au bout du lac, où se trouve le barrage et pouvons voir les grosses canalisations qui portent l’eau jusqu’aux différentes stations de pompage chargées de faire passer la montagne à l’eau. Devant traverser la route longeant le lac, Eduardo est là pour arrêter la circulation et nous permettre de passer sans encombre.
Nous traversons ce que l’on appelle la tierra caliente, la terre chaude. En fait c’est le bord de la zone, ça n’est pas si désertique que ça (j’en sais quelque chose, j’adore le désert). Ceci dit il n’y a pas d’arbres, ou ceux que l’on voit on clairement été plantés. Il y a beaucoup de champs cultivés, notamment des fraises dont la saison bat le plein. Nous voyons les paysans travailler leurs terres en famille. Nous passons à côté de la première station de pompage et ses bâtiments. Un schéma explique comment les 4 stations montent l’eau et j’aurais bien aimé avoir le temps de jeter un œil pour comprendre exactement le fonctionnement (ça doit être mon côté cartésien). Il nous faut suivre la route (la vraie en goudron, beurk) avant de pouvoir retrouver nos chers sentiers poussiéreux (j’entendrai Pepe commenter à Adam que décidément il n’aime pas du tout ce passage par la route). Du coup la pause toilette se fait en bord de route avec de minuscules buissons pour se cacher… de nos camarades, car je pense que de la route on nous voyait sans difficulté. Tant pis, je ne connais personne dans la région ! Sur les bords de la route les arbres sont envahis, littéralement, par les orchidées. En saison, quand elles fleurissent ça doit être du délire. Lucia nous explique les alternances de couleur, d’abord il y a les fleurs rouges, puis les blanches, ensuite les jaunes. Pour elle la plus belle saison pour cette randonnée est en novembre. Quand les couleurs des fleurs sont partout et que les papillons arrivent. Adam derrière moi me demande si je n’ai pas trop chaud. Je lui dis que j’apprécie, ça me change des intersaisons imprédictibles. Nous sommes encore en hiver, l’été ici doit être torride.
Le retour à la fraîcheur de la forêt est appréciable. Le vent dans les aiguilles des pins fait un bruit bien apaisant. C’est peut-être pour ça que les mexicains sont calmes… La pause déjeuner se fait dans la forêt sans qu’il n’y ait de point de vue particulier, mais la fraîcheur après la chaleur du matin fait du bien. En apéritif, nous avons des asperges et au menu du fromage fondu avec de la viande hachée, chile chiplote piquant et salsa verde aux avocats (on en aura vraiment eu à tous les repas !). C’est succulent mais impossible à manger proprement. Le fromage fondu fait une espèce de masse gluante et dégoulinante qui ne demande qu’à s’échapper de nos tortillas. Bon d’accord je peux difficilement être plus sale, mais ça n’est que de la poussière, c’est de la crasse propre !
Nous repartons et la forêt nous réserve quelques surprises. Nous commençons par croiser des chevaux en liberté (pas des chevaux sauvages, juste des chevaux en pâture libre), puis des enfants rentrant de l’école à cheval, un peu plus loin d’autres gamins pêchent. La forêt nous réserve sa part de pentes habituelles que nous négocions en zigzags plus serrés que d’ordinaire, à travers les branches et buissons. Un peu plus loin nous traversons une rivière dont un chemin a été libéré des rochers pour passer plus facilement. Il nous faut un moment pour la traverser, laissant aux chevaux le temps de se désaltérer, sous le regard amusé de quelques jeunes armés de cannes à pêche.
Nous continuons à traverser la montagne dans la longueur, presque en ligne droite et devinons le site d’où nous avons avant-hier observé ce coin, facile à repérer grasse aux grandes bandes sans arbres que parcourent les lignes à haute tension. Ces bandes cachent aussi quelques beaux ravins qu’il faut négocier avec attention. La terre est tellement sèche qu’il faut attendre que les nuages de poussière se posent avant d’y aller afin de voir où l’on met les pieds. Sauf que la patience et Morro ça fait deux. Déjà quand nous nous arrêtons pour boire il trouve le moyen de discrètement griller des places aux autres, là il veut y aller même s’il n’y voit rien. Nous continuons à négocier des pentes de plus en plus raides, pas vraiment longues mais bien pentues. J’avoue que je me suis vraiment éclatée avec tous ces passages un peu plus compliqués, demandant plus d’attention et de présence à cheval que les gentils sentiers parcourus jusque-là. Je dois bien être la seule car quand j’ai dit en arrivant que j’avais adoré la journée, Susan m’a demandé si je plaisantais. Pourtant la journée a été différente : le matin on était dans une zone de végétation totalement différente, puis les sentiers de montagne était amusants. On n’a décidément pas les mêmes goûts en terme de randonnée.
Comme toujours je sens arriver la fin de journée, Morro devient de plus en plus impatient et difficile à tenir. Nous traversons un vrai petit village traditionnel avec des enfants qui conduisent des moutons, des femmes qui lavent leur linge. Ca n’est pas le premier que nous traversons mais je me suis sentie comme une intruse. Ils nous regardaient passer. Eux n’ont pas grand-chose et nous paradons avec nos chevaux et selles qui valent sans doute plus qu’ils ne gagneront jamais. Je n’ai pas mon sorti mon appareil, ça aurait été de trop. Lucia nous racontait au dîner que bien des petits villages comme ceux-là n’ont pour certains pas d’électricité, pas d’eau courante, au mieux un système de distribution urbain si le village est assez grand. Nous avons souvent vu les enfants avec des bidons accrochés au dos des ânes. Dans ces villages un âne coûte plus cher qu’un cheval. En effet un âne mange moins donc revient moins cher, et pourtant ces petits chevaux criollos ne mangent déjà pas grand-chose d’où leur petite taille. Nous avons vu des hommes labourer leur terre avec un soc tiré par deux bœufs. Le maïs va être planté à la fin du mois, il faut préparer la terre. Certains bœufs que l’ont voit paître ont une taille justifiant leur emploi, d’énormes bêtes aux cornes immenses.
Nous terminons notre journée traversant un dernier petit village au bout duquel le camp a été installé avec des cordes d’attaches le long des arbres. J’observe comment Doña Macaria est dessellée et conduite dans un coin de terre pour qu’elle puisse de rouler.
Dîner super animé. Tout le monde se lâche, dommage que ça soit la fin (mais bon c’est toujours comme ça). Tout le monde partant se coucher tôt (sauf pour la partie de billard des garçons), on a assez peu discuté, dommage car certains ont des passés vraiment intéressants, des histoires à raconter et le sens de l’humour.
Au menu steak juteux à souhait, courge locale avec salade et gâteau au chocolat succulent. On a un peu traîné à table à discuter.
Demain nous ne montons que le matin et Pepe nous explique qu’il n’y aura pas de pause toilette car nous traversons des zones habitées. L’après-midi sera libre pour profiter de la piscine ou aller en ville. A 19h30 ils organisent un combat de coqs avec gants et ensuite nous allons dîner en ville, seuls.