Une croisière sur le Nil en Egypte, de la Vallée des Rois à Abou Simbel, c’est un formidable voyage dans le temps aux couleurs chaudes et saturées. Les temples de Louxor, d’Edfou, de Kom Ombo jusqu’à ceux d’Assouan sur le Lac Nasser défilent entres les champs cultivés, les roseaux, les bouquets de papyrus et les paysages inchangés depuis des millénaires sur les bords du Nil.
Avant l’embarquement : Louxor et ses trésors
Louxor est traditionnellement la ville de départ pour toutes croisières sur le Nil. Au préalable de l’appareillage à bord d’un bateau de croisière, prévoir du temps à Louxor offre la possibilité de découvrir le temple d’Amon intégré à celui de Karnak quasiment situés dans la ville ainsi que les tombeaux de la Vallée des Rois à proximité. Il faut en profiter pour déambuler tout simplement dans la ville de Louxor qui a gardé une ambiance très provinciale est agréable.
Le temple d’Amon
En plein cœur de la ville, le temple d’Amon est l’un des sites archéologiques de Haute-Egypte les plus intacts qu’il soit. Consacré à l’archéologie et au tourisme. Rien n’y a été abîmé par l’homme. Très vaste, il faut y prévoir au moins deux heures pour en faire un rapide tour. Arpenter le temple d’Amon seul serait dommage, le faire avec un guide patenté est l’assurance de comprendre un minimum l’agencement et le symbolisme de tout ce que vous verrez. La culture de l’ancienne Egypte ne manque pas de symboles. Le temple d’Amon est une proéminence de celui de Karnak dédié au dieu Amon-Rê situé à trois kilomètres. Les deux sites sont séparés par une allée de sphinx alignés. Ici, on imagine aisément l’ampleur et le faste de la civilisation égyptienne de l’époque. C’est l’entrée en matière idéale pour explorer la vallée du Nil lors d’une croisière.
La Vallée des Rois
La gigantesque nécropole royale mondialement connue est nichée aux portes du désert à une quarantaine de kilomètres de Louxor.
J’ai eu la chance de m’y rendre à pied après un bivouac entre dunes et rochers. Déboucher au petit matin sur ce canyon, qui rassemble les tombes des reines et des nobles égyptiens, est une sacrée sensation, même des milliers d’années après.
Une fois aux portes du site, vous ne couperez pas à un processus drastique en matière d’organisation. On ne peut en vouloir aux autorités qui se donnent du mal pour faire découvrir le trésor universel tout en le préservant de l’usure du temps. Ici, dans la Vallée des Rois, on visite seulement une petite partie des tombes ouvertes. Les visites se font au compte-goutte pour préserver les lieux des dégradations dues à la sur-fréquentation. Je ne ferai pas l’inventaire des salles mortuaires, elles sont trop nombreuses. Celle de Toutankhamon est bien ici, mais les autres sont tout aussi riches, voire plus pour certaines. Du moins pour un profane. Descendre le couloir qui mène aux chambres mortuaires de Taoussert et continuer ensuite vers la chambre funéraire de la reine Sethnakht, ça fait quelque chose. Inutile de chercher à faire des photos. Avec ou sans flash, c’est interdit et ça ne rigole pas. J’ai vu un contrevenant, se faire confisquer son appareil alors qu’il l’utilisait même sans flash. Je crois qu’il a passé une bonne partie de la journée à essayer de le récupérer auprès de la police touristique très présente sur place. Bon courage !
Les colosses de Memnon
Au retour à Assouan, il faut essayer de passer par les colosses de Memnon. Ces deux statues vraiment colossales préfigurent l’existence d’un temple que des fouilles en chantier tentent de ressusciter. Idéalement, il faut y passer en début de journée pour avoir une lumière rasante et flatteuse sur ses deux colosses. Même s’ils ont été détruits pas de multiples tremblements de terre, l’homme les a toujours remis sur pieds. Demandez à votre taxi de se garer au croisement des deux routes qui passent devant. Avec les contreforts des montagnes de Nubie en arrière-plan, la contemplation est spectaculaire.
On embarque pour une croisière sur le Nil
Ne l’oublions pas, on est à Assouan pour embarquer sur un bateau de croisière sur le Nil. Sur la rive orientale du fleuve, les bateaux sont comme au garde à vous. Des petites felouques traditionnelles et à voiles triangulaires aux grands et luxueux bateaux avec ou sans aube, il y en a pour tous les goûts et surtout pour toutes les bourses.
En général, le plan type d’une croisière sur le Nil est un départ à Louxor pour remonter vers Assouan. Chaque jour, marque un arrêt dans l’un des hauts lieux archéologiques de la Haute-Egypte.
Edfou
À une centaine de kilomètres au sud d’Assouan, Edfou sera probablement la première escale de la croisière. Consacré au dieu Horus, Edfou est considéré comme le plus important site archéologique après celui de Karnak. À l’entrée, la façade haute de 36 mètres sur sa largeur de 80 mètres en impose. Remanié par les Romains, le temple d’Edfou est bluffant par l’état de conservation. Des couleurs sont encore visibles sur de nombreuses parois sculptées à l’abri du soleil.
Les statues à l’image de l’homme à la tête de faucon qu’est le dieu Horus, veillent de chaque côté du portique à l’entrée. Vous êtes dévisagé par les regards de la divinité. Ne rigolez pas, mais j’avais la nette impression d’être observé, voir jugé par celle-ci.
À l’intérieur, les chambres situées les unes à la suite des autres sont très hautes et les plafonds sont maintenus par des colonnes monumentales sculptées elles-aussi. La mise en scène simpliste permet de révéler les nombreux détails sans dénaturer le site. Il règne dans le temple d’Edfou la même sérénité que dans une cathédrale.
Le temps de la croisière
En croisière sur le Nil, entre chaque appareillage non loin d’un site archéologique, la vie à bord est à l’image du Nil : langoureuse. Prendre le soleil sur un transat au pont supérieur, tout en observant les pêcheurs, les felouques ou les minarets des villages qui ponctuent le désert et les champs cultivés, est propice à l’ébahissement. On ne s’en lasse pas et la croisière semble toujours un peu courte lorsqu’elle se termine.
Le temple de Kom Ombo
L’étape suivante, c’est le temple de Kom Ombo bâti sur les rives mêmes du Nil. Lui aussi est dédié à Horus et à Sobek avec sa tête de crocodile. Dans ce temple se révèlent beaucoup d’étonnantes gravures en polychromie. Des momies de crocodiles y ont été retrouvées. Il faut savoir que la profusion de cet animal sacré annonçait des crues favorables aux récoltes.
En croisière, il faut absolument anticiper l’arrivée à Kom Ombo pour voir le temple se révéler sur les bords du Nil depuis le pont du bateau.
Assouan
Assouan marque la fin de la plupart des croisières sur le Nil. Assouan est une grande ville, pas aussi importante que le Caire ou Alexandrie, mais dans la région, c’est bien la plus grande. C’est d’ici qu’ont été extraites la plupart des pierres de tous les monuments visités jusqu’alors. Même la pierre de l’obélisque sur la place de la Concorde à Paris vient des carrières environnantes. Assouan mérite un arrêt d’une ou deux nuits. Pas tant pour la visite de la ville elle-même, mais plutôt pour les nombreux centres d’intérêt autour. Assouan marque la fin des croisières mais certainement pas la fin des excursions. Situé aux portes du grand Lac Nasser, préparez-vous à découvrir l’autre cœur de l’Egypte ancienne.
L’île Éléphantine à Assouan
Éléphantine. C’est l’île juste en face du centre-ville. On aperçoit son relief surmonté du mausolée Aga Khan par-delà les mâts de felouques alignées le long des quais et des marinas.
On atteint Éléphantine par ferryboat, par barque ou par felouque. En faisant le tour de l’île, depuis le pont de l’embarcation, on aperçoit les nombreux bosquets de papyrus, des roseaux ou même des jardins botaniques. Avec le tourisme et les projets. immobiliers, l’île se développe très vite. On aperçoit de belles propriétés privées. Hormis les monastères et les sites archéologique à visiter, des grands parcs y sont aménagés.
Philae et Isis
Depuis le centre d’Assouan, à demi-heure de taxi vers le sud, c’est les premiers grands bassins du lac Nasser construit dans les années 1960 et véritable petite mer artificielle sur le Nil. De grands projets de sauvegarde y ont été financés par l’Unesco pour permettre à de nombreux temples dont celui de Philae d’être sauvegardés. D’autres ont dû être démontés pour se faire reconstruire un peu plus haut que la ligne des eaux montantes.
Le Temple de Philae et Isis se visite comme n’importe quel site archéologique exception faite, qu’il est accessible par petits bateaux. C’est ici qu’ont lieu des sons et lumières spectaculaires dès la nuit tombée.
Abou Simbel
Pour ceux qui veulent aller plus loin, des lignes aériennes intérieures permettent de se rendre rapidement à Abou Simbel. L’excursion peut se faire en une bonne demi-journée. Autre sommet du patrimoine mondial inscrit sur les listes de l’Unesco. Abou Simbel est un gigantesque temple dédié aux dieux Amon, Rê, Ptah et à Ramsès 2. Le temple a la particularité d’être construit à même la roche dans la paroi d’une montagne. Sur les bords du lac Nasser, l’environnement désertique au milieu des eaux ne ressemble à rien de connu. J’ai adoré. Le site est plein de sérénité à l’image du paysage. Celui-ci ressemblerait, je l’imagine, à ce que serait la Lune avec des étendue d’eau.
Voilà un bout du monde aux dimensions mystiques comme les trésors qui ponctuent les rives du Nil.
Ça donne envie
MErci ☺️