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Croisière sur le Bou el Mogdad entre Podor et Saint Louis du Sénégal

 

La nuit vient de s’installer sur Dakar lorsque l’avion de Corsair se pose délicatement. Immersion immédiate dans la culture africaine. Ça grouille de partout. Un porteur, un taxi, puis encore et encore des porteurs, des taxis… la navette de l’hôtel est là et, très vite, elle emporte son petit monde, à quelques encablures, au calme, loin de tout ce tumulte.

Croisière sur le Bou el Mogdad 

Direction Podor

Un beau soleil, bien orangé, plaqué sur un ciel bleu azur, aurait été le bienvenu mais c’est une brume épaisse qui attend les aventuriers au réveil. Le minibus ronronne déjà sur le parking, il faut prendre la route, direction la frontière mauritanienne, pour rejoindre le Bou el Mogdad. Personne ne parle, les brumes du sommeil ne se sont pas encore totalement évaporées et, surtout, le nez plaqué sur la vitre, on ne sait déjà plus où porter son regard… sur les cars rapides, tout déglingués et colorés à souhait, auxquels s’accrochent des passagers bien téméraires… sur les charrettes qui essayent de rivaliser avec les 4×4 rutilants… sur les piétons qui risquent leur vie à chaque instant dans ce trafic plutôt désordonné… Tout est source d’étonnement.

En quelques minutes, Dakar finit par disparaître dans la lunette arrière de notre minibus et un paysage sahélien, bien particulier, prend le relais pour nous accompagner. Baobabs, rôniers, troupeaux de chèvres, de moutons, et, de temps en temps, villages bigarrés, l’animation est à 360°.

Après de nombreuses heures de route, le Bou el Mogdad, tout d’un coup, au bord du fleuve Sénégal, se dresse devant nous.

L’émotion est grande en admirant ce superbe bateau d’acier, blanc surligné de rouge, sur lequel nous allons naviguer pendant 6 jours.

Croisière sur le Bou el Mogdad  : Première nuit à bord

La magie opère aussitôt. Dans les cabines, tout de bois vêtues, chacun se prend pour un explorateur des siècles derniers et, lorsqu’au petit matin, l’appel du muezzin résonne au loin et que le soleil surgit de derrière l’horizon pour éclairer, petit à petit, le village, tout peut alors commencer.

Nous partons à pied à la découverte de Podor. Située au cœur de ce qui fut jadis le Royaume du Tékrour, dont la capitale, Tekoror, a disparu, mais aurait donné son nom, par déformation, à l’ethnie « toucouleur », Podor conserve aujourd’hui le pittoresque et le charme de la place importante qu’elle avait autrefois. Fondée en 1744, on  faisait, dans cette ville le commerce des épices et tissus apportés par les maures, ainsi que  celui de l’or venu de l’empire du Ghana. Les bateaux, arrivant de Bordeaux, laissaient la mer derrière eux à Saint-Louis et remontaient, jusque là, le fleuve Sénégal. De son passé colonial, la ville a gardé le tracé des rues à l’équerre et ses maisons en banco nous rappellent le Mali et le Niger. Podor, aujourd’hui, veille sur sa mémoire. Son fort, la maison Foy et ses quais figurent d’ailleurs sur la liste des Monuments historiques.

Il est 10h. Les pirogues reviennent déjà de leur pêche miraculeuse et, pour nous, il est grand temps d’appareiller. Tout l’équipage s’affaire et lentement, nous nous mettons à glisser sur ce fleuve bien paisible. Après un déjeuner fort délicieux, le chef prépare déjà le méchoui du soir. Une visite au village toucouleur nous attend. D’ailleurs, la barge est fin prête pour embarquer tout le petit monde.

Ansou, le guide, qui a déjà montré tout son savoir ce matin à Podor, continue de nous émerveiller en nous présentant ces Toucouleurs devenus sédentaires. Une petite main se blottit alors dans la mienne en douceur. De grands yeux noirs, un beau sourire accompagnent une adorable fillette qui, le temps de cette courte visite, me glissera une petite dose d’amour éphémère, sans rien attendre en retour et puis … au dernier moment, juste avant notre départ, elle s’évanouira, sans un mot, dans la nature. A la nuit tombée, le méchoui est fondant à souhait… l’ambiance est joyeuse à la lueur de plusieurs lampes tempête… on chante, on danse avec les villageois, heureux de partager cet instant privilégié. Petit Bâ, le barman du bateau, s’en donne à cœur joie. Lorsqu’il danse, ses pieds ne touchent même plus terre… Après des remerciements et des au-revoir touchants, sous un beau ciel étoilé, nous quittons nos hôtes.

Au fil du fleuve…

Le lendemain, au programme, navigation toute la matinée… en arrivant à Dagana un déjeuner sous les manguiers nous attend. Nattes, couvertures, coussins, tout prend place en un quart de seconde. Au menu : un tieb bou dien, le plat national par excellence, genre de pot au feu de poisson sur riz concassé… sans oublier les épices ! Chacun a sa recette mais celui-ci est un pur ravissement. A la tombée du soleil, visite du village …

Le soir venu, une douce chaleur plonge le pont supérieur du Bou dans une délicieuse torpeur. Sur la rive sénégalaise, des djembés se répondent avec malice … alors que, côté mauritanien, des grenouilles se font la voix. Elles n’arriveront jamais à égaler le muezzin qui, au loin, lance son dernier appel à la prière. Les images de la journée se mettent alors à défiler, à danser devant nos yeux, avant qu’elles n’aillent se nicher à tout jamais dans notre mémoire.

Dès le lever du soleil le lendemain, nous nous rendons, en calèche, dans un village peulh, non loin de Dagana. Nomades, ces villageois se sont posés ici pour quelques temps. Lorsque les troupeaux de zébus, de chèvres et de moutons en éprouveront l’envie, il sera grand temps, pour eux, de repartir. Leurs cases ovales, en roseaux tressés sont donc éphémères. La vie, ici, semble paisible et le temps n’a rien d’autre à faire que de prendre tout son temps pour écouler ses heures, ses minutes, ses secondes. Rencontres improbables et difficulté de quitter, une fois de plus, ce monde à cent lieux du nôtre.

Une nuit vient encore de s’écouler et c’est toujours avec le même bonheur que nous nous laissons porter par le fleuve. En arrivant à Richard-Toll, visite de la Folie du Baron Roger, ancienne bâtisse plutôt en ruine, puis de l’usine de canne à sucre de la Compagnie Sucrière Sénégalaise. Paysage grandiose, surtout, lorsque de hautes flammes viennent, furtivement, lécher les cannes pour en faciliter la coupe.

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Retour à bord… c’est un peu comme si nous rentrions chez nous… la teranga sénégalaise (l’hospitalité) prend vraiment tout son sens sur ce bateau.

Le matin venu, les rives du fleuve défilent sous nos yeux ébahis. Villageois et villageoises s’affairent … A l’embouchure du bolong du Gorom, nous reprendrons la barge pour nous rendre à l’entrée du Parc des Oiseaux du Djoudj. 3ème réserve ornithologique au monde, ce parc accueille pour leur hivernage, sur 12 hectares de roseaux, de jacinthes, de lotus, plus de 3 millions d’oiseaux : pélicans, flamants, grues couronnées, aigles pêcheurs, guêpiers…

Demain, nous passerons le grand barrage de Diama, décidément les jours se suivent mais ne se ressemblent guère. Les délicieuses crêpes du petit déjeuner, à peine avalées, voilà que le moteur se met en route et que la chaîne de l’ancre, grince désespérément en reprenant place dans le ventre du bateau.

C’est alors que Ousmane, le mécanicien, m’invite à venir découvrir les entrailles de notre vaisseau et, surtout, la machinerie où il évolue. Le bruit est assourdissant, la chaleur étouffante… en moi-même, je plains ce pauvre homme de travailler dans de telles conditions et de ne pas voir, ne serait-ce qu’un instant, la lumière du jour ou le paysage défiler. Au fil des explications, il y a tant de fierté dans ses yeux que je comprends finalement tout l’amour qu’il porte à son métier. J’en oublie, moi-même, le bruit et l’atmosphère suffocante pour m’y intéresser à mon tour. J’aimerais bien m’y coller, jouer quelque peu avec les manettes et tant pis pour le cambouis, seulement, après avoir vu la mécanique, direction la cabine de pilotage car, ce poste, a aussi toute son importance, surtout que nous approchons d’un point stratégique, l’écluse du barrage. De loin, on dirait bien qu’elle n’est pas assez large pour nous accueillir. Dans la capitainerie, le petit local vitré dominant, à l’avant du navire, toutes les manœuvres, les ordres du commandant se succèdent, le timonier exécute… la tension est à son paroxysme car nous arrivons un peu en crabe, à mon avis, devant l’écluse, mais ce n’est que mon avis… d’ailleurs, doucement nous redressons la barre pour prendre, à la perfection, l’axe de l’espace qui nous fait face. Aucune erreur n’est permise, il y a juste 1,50m de marge de chaque côté du bateau. Tout le monde est à son poste… Le Bou glisse entre les deux mâchoires de béton. Pourvu qu’elles ne mordent pas la coque au passage ! Les amarres volent de toutes parts et … comme si de rien n’était, nous voilà stoppé le temps que l’écluse fasse, à son tour, son travail d’équilibrage des eaux.

St Louis se dessine alors au loin… la croisière touche à sa fin… avec  nostalgie, on regarde approcher cette ville que l’on avait pourtant hâte de découvrir. Amarré à quelques encablures du célèbre pont Faidherbe, nous partons, une fois arrivés, en calèches pour une petite visite. Classée par l’UNESCO en 2000 au patrimoine de l’humanité, Saint Louis ne déçoit personne. Ancienne ville coloniale, ses belles maisons roses et ocre en sont sa fierté même, si, pour nombre d’entre elles, une bonne restauration serait nécessaire au plus vite.

De retour au bateau, c’est le cœur gros que chacun va faire son paquetage. Demain matin, nous dirons au revoir à tout l’équipage en promettant, bien évidemment, de revenir un jour…

Plus d’informations

Le Bou el Mogdad

La Compagnie du fleuve

Rue Blaise Diaigne – Sénégal

(221) 33 961 56 89

www.compagniedufleuve.com

www.bouelmogdad.com

Mon premier voyage remonte loin, très loin, très très loin dans le temps… J’étais partie rejoindre de la famille à la coopération en Algérie. Pour moi, qui n’avais jamais été au-delà de nos frontières hexagonales, ce fut un choc terrible et, depuis, mon plus grand bonheur est de parcourir le monde pour aller vers l’autre… et d’en ramener des images, des histoires à raconter pour prouver que nous ne faisons qu’un sur cette terre !

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