Vous Ãªtes ici >>

Appenzell, l’essence de la Suisse

Jusqu’à présent, les fermiers ont beaucoup ri et plaisanté. Fait honneur au fendant et au pinot ainsi qu’au « fenz ». C’est une bouillie faite de lait – qui coule ici à flots !- d’œufs, de farine et de beaucoup de beurre et qui tient bien au ventre. Exactement ce qu’il faut avant d’entamer la longue et fatigante descente, la « désalpe ». En cette fin d’été, les quelque 35 vaches appartenant à Meinrad Koch vont quitter les alpages pour regagner l’étable, là-bas dans la plaine. Six à sept heures de marche, d’abord sur les chemins montagneux de l’Alpstein, le massif ceinturant l’Appenzell, puis sur les routes du plateau.

Moment mystique, le « betruf » est une prière psalmodiée chaque soir dans un porte-voix en bois sculpté. De nombreux fermiers y sont toujours fidèles. © Ernst Hohl

Les hommes se mettent à yodler

Désormais, l’heure est solennelle. L’air grave, deux jeunes hommes –en tenue traditionnelle comme tous les autres– font sonner les grosses cloches en rythme. Elles se parlent, se répondent. Elles appellent les vaches. Celles-ci semblent comprendre, se rassemblent d’un pas mesuré. Et c’est parti. Toujours au son des clarines, tandis que les hommes se mettent à yodler, une ancestrale forme de communication qui consiste à moduler la voix.

Hérité de génération en génération, le rituel est respecté à la lettre. D’abord les chèvres, guidées par les enfants. Puis les trois plus belles vaches, celles dont le fermier est le plus fier. Derrière, le reste du troupeau. Le taureau ferme la marche, devant le chariot qui transporte les ustensiles nécessaires à la collecte du lait, la confection du beurre et du fromage. Les baquets de bois ne sont là que pour la décoration, car les machines ont bien sûr pris la relève depuis longtemps.
Dommage : aujourd’hui le temps est maussade, pluvieux. Les paysans enfilent des imperméables transparents. Pour ne pas se mouiller, et surtout protéger leurs costumes colorés qui coutent cher, très cher même –ceux des femmes, plus travaillés avec de magnifiques broderies, valent parfois le prix d’une petite voiture–, portés avec aisance.

La montée ou la descente d’alpage est toujours aussi importante dans la vie des fermiers qui revêtent à cette occasion les costumes traditionnels.

Autant de vaches que d’habitants

Ici, beaucoup de gens ont un costume traditionnel. Et ils le mettent régulièrement, pas seulement dans les occasions exceptionnelles. Il faut dire que la région d’Appenzell est très particulière : les Suisses y sont plus suisses qu’ailleurs, c’est l’essence même de la Suisse ! Le canton est le plus petit du pays, avec seulement 16 000 habitants. Et à peu près autant de vaches. Car c’est le plus rural aussi, avec la plus forte proportion d’agriculteurs. Les votations, élections ou référendums, se font encore à main levée sur la place du chef-lieu. Les femmes n’y ont droit que depuis 1991…

En un vaste arc de cercle, les montagnes de l’Alpstein enserrent le plateau d’Appenzell. Sur leurs contreforts se trouvent les alpages où paissent les vaches fournissant tout ce lait nécessaire à la fabrication du fromage appenzell. Une demi-douzaine de téléphériques, en service pour la plupart seulement en été, ouvrent bien des perspectives aux amateurs de randonnée. Pas moins de 27 auberges de montagne jalonnent le massif et étendent encore les possibilités. Celle d’Aescher-Wildkirchli, perchée sur Ebenalp, est remarquable. Adossée à la falaise, elle n’a que trois murs –le rocher constitue le quatrième- et voisine avec une belle chapelle, des grottes habitées à l’époque de l’homme de Néanderthal.

Ressources pour voyager

Voici quelques ressources pour organiser votre voyage :

  • Trouvez vos guides de voyage sur Amazon, à la Fnac ou sur Cultura.
  • Pour réservez vos hôtels, locations de vacances et gîtes, il y bien entendu  Booking mais je vous invite aussi à découvrir GreenGo (hébergement responsable en France), Feelingo (hébergements durables en France, Espagne, Portugal, Italie et Grèce) et Abracadaroom (hébergement insolite en France)
  • Comparez le prix des locations de voiture sur Rentalcars ou Autoeurope. Louez votre van/fourgon camping-car sur Yescapa (30 € de réduction avec le code FALLFORFUN22 si vous réservez en octobre).
  • Comparez les vols avec Skyscanner ou Kayak
  • Comparez le prix de vos déplacements en bus, train, ferry et avion avec omio
  • Louez votre matériel photo chez Pixloc plutôt que de l’acheter
  • Réservez une activité, une visite ou un billet coupe-file avec Civitatis ou Get Your Guide et votre activité d’aventure ou sportive avec Manawa.
  • Vous recherchez une assurance et/ou une assistance ? J’utilise personnellement celle de Chapka Assurance.
  • Envoyez une demande de devis à une agence de voyage locale francophone

Un sentier géologique, qui explique avec force dessins comment les montagnes sont devenues des montagnes, part du Hoher Kasten et suit la ligne de crête. La balade n’est pas de tout repos.

Comment les montagnes sont devenues montagnes

Une très belle balade part du Hoher Kasten, où emmène un téléphérique. Au sommet, à 1 795 m, un jardin alpin avec plus de 300 variétés de plantes. Un restaurant tournant, aussi. Il offre notamment un panorama sur l’autre versant : la plaine où se faufile le Rhin en direction du lac de Constance, au loin le Lichstenstein et les montagnes autrichiennes. De là-haut, un chemin -parfois vertigineux mais avec une vue plongeante sur la vallée- suit la ligne de crête en direction de la Saxer Lücke. Tout au long, des panneaux expliquent comment les montagnes sont devenues montagnes, avec les différents épisodes géologiques. Puis c’est la descente vers la sympathique auberge du Bollenwees et son petit lac idyllique. A l’autre extrémité, une petite ferme au nom évocateur, l’alpage perdu… Aucune route n’y mène.

Non loin de là, l’élevage d’Albert, 76 ans, et Paula Räss, à Fuggenalp. L’électricité a été installée voici une dizaine d’années : cela n’a pas changé grand-chose à leur mode de vie. Tous les soirs que Dieu fait depuis plus de 50 ans, qu’il pleuve ou qu’il vente, à la tombée de la nuit, Albert lance le « betruf ». Une prière qu’il psalmodie dans un porte-voix en bois sculpté, en plein air. Un moment étonnant que l’on ne peut connaître qu’en Appenzell.

Bon pied, bon œil, Albert Räss à Fuggenalp où il dispose de l’électricité depuis une dizaine d’années seulement.

Informations pratiques

Le canton d’Appenzell se trouve à une vingtaine de km de Saint-Gall, près du lac de Constance dans l’est de la Suisse, aux confins de l’Allemagne et de l’Autriche. Une carte de bienvenue est offerte pour un séjour de trois nuits et plus qui donne droit à une vingtaine de prestations (remontées en téléphériques, bus, prêt de vélo, piscine, piste de luge…)

Y aller

Tgv Lyria Paris-Zurich www.tgv-lyria.com. En Suisse : www.swiss-pass.ch.

Où dormir

 

De l’autre côté d’un petit lac idyllique, l’alpage du Fählenalp vers lequel ne mène aucune route. Les randonneurs peuvent y casser la croûte, déguster le fromage confectionné sur place.

Journaliste venant de la presse régionale, maintenant je ne fais plus que ce que j'aime. C'est simple, non ?

Laisser un commentaire

Share via
Copy link
Powered by Social Snap