A Coca Cola Do Caboclo
Il n’y manque même pas la mousse.
C’est donc vrai : le Rio Negro est le coca-cola d’Amazonie. Noir de loin, ambré et translucide de près, et pour peu que des rapides l’agitent un peu, voyez comme il écume et mousse sur des centaines de mètres.
Ce coca-cola-là a d’ailleurs très bon goût. Acidulé.
Et puis quelle usine.
Un épais filtre de quartz sur laquelle s’enracine la forêt dont les pluies chaudes et pures emportent les tanins à travers le sable jusqu’au fleuve (pourvu qu’un tapis souterrain d’argiles retienne de quoi nourrir arbres et palmiers, sinon, ça ne marche pas et il n’y pousse que des hautes herbes).
Quand nous plongeons dans l’eau sombre, nos corps prennent la couleur cuivrée des Indiens. C’est un signe. Encore quelques semaines et tout comme eux, nous n’aurons peut-être plus de poils*.
* pas de poils, les Indiens ? Mythe ! Tenez, un groupe de ces sauvages tout lisses a récemment été photographié. Les hommes, nus, arboraient une jolie moustache sombre. L’un d’eux avait un de ces airs, on aurait cru Charles Bronson.
C’était un de ces quarante groupes connus, isolés et fuyant le contact avec les Blancs et les autres tribus, et qui sont acculés sur des territoires toujours plus petits, souvent vers les sources des fleuves. Deux tiers de ces groupes – rarement plus d’une vingtaine de membres – ne sont connus qu’à travers les témoignages d’autres Indiens. Les autres, repérés directement par le gouvernement sont suivis de loin, sans les contacter, sauf s’ils sont promis à une confrontation brutale avec la civilisation. Aucune chance d’en rencontrer par ici.
Troisième du Concours de Carnets de Voyage 2006 organisé par I-Voyages en partenariat avec A Cheval en Corse, Carnets d’Aventures, Chemins du Rêve, Editions Complicités, Europe Active, Forum tour du Monde, Khyam, Let’s Talk, Patrick Chatelier et Rêves et Nature