Voyageur solo et humaniste, Laurent est un globe-trotter invétéré qui a un faible pour le Moyen-Orient et les pays en « stan ». Il appartient à ce petit cercle des blogueurs que j’apprécie pour ses idées et sa vision du voyage qu’il véhicule. (Re)découvrez Laurent et son blog One Chaï !
Plutôt thé ou café ? Plus sérieusement, raconte-moi les débuts du blog.
Mon blog soufflera bientôt sa quatrième bougie. Il a démarré avec essentiellement l’envie de faire quelque chose des photos que je prenais en voyage. Y apposer des récits n’était pas forcément la priorité au départ. Et puis je me suis pris au jeu, et aujourd’hui, le côté écriture m’apporte autant si ce n’est plus de plaisir que le côté illustration avec mes photos.
Sinon, évidemment, avec cette histoire de chaï, je suis thé !
Comment choisis-tu tes destinations ?
Je ne sais pas si tu te souviens de cette pub pour le loto “on tombe dessus c’est le jeu ma pauvre Lucette” qui a presque 10 ans. Un gagnant du loto fait tourner une mappemonde et pose son doigt au hasard pour choisir la destination de leur prochain voyage avec son épouse. Et bien je fais pareil !
Enfin non, pas tout à fait, je ne choisis pas ça complètement au hasard, mais plutôt que de me laisser guider par tout ce qu’on entend ici ou là, je regarde en effet très souvent une mappemonde. Quand je tombe sur un pays que je ne connais pas plus que ça, je me dis “tiens, on n’entend pas souvent parler de cet endroit, c’est possible de partir là-bas en voyage ?”.
Évidemment, je fais tout de même ensuite quelques recherches pour voir si ça peut vraiment m’intéresser, mais ça n’en reste pas moins souvent le point de départ.
Tu sembles aimanté par le Moyen-Orient et l’Asie centrale. Que trouves-tu là-bas qui t’attire autant ?
L’accueil auquel le voyageur a droit au Moyen-Orient est juste incroyable et je n’ai trouvé ça nul par ailleurs de par le monde. Je voyage bien entendu pour voir de belles choses, mais partant le plus souvent seul, les rencontres et l’accueil sont quelque chose de très important.
Pour l’Asie centrale, c’est cette histoire de mappemonde qui m’y a mené. Gardant un souvenir extraordinaire de mon séjour au Pakistan, je remarquai un jour sur une carte qu’au nord du Pakistan se trouvaient des pays que je ne connaissais pas vraiment : le Tadjikistan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan. Les deux premiers sont très montagneux quant au dernier, il abrite des mosquées aussi splendides qu’en Iran. C’est plus qu’il n’en fallait pour me convaincre d’y aller. Après un premier voyage des plus concluant, il a fallu forcément y retourner.
À l’inverse, rien sur le continent américain…
Partir depuis la France vers l’ouest me rend malade ! Bon OK, ma réponse n’est pas très crédible. Je n’ai pas de vraie réponse en fait. Je suis allé au Guatemala il y a presque 20 ans. Ça m’a plu, mais mes pas m’ont ensuite plutôt mené vers l’Asie et l’Afrique. Et chaque escapade me donnant très souvent l’envie de revenir dans la région pour visiter les pays voisins, de fil en aiguille, les Amériques ont perdu.
Je pense aussi que quelque part, dans ma tête, je me dis que si je venais un jour à repartir pour un long voyage, j’aimerais avoir plusieurs pays d’un même continent que je pourrais visiter par voie terrestre. Je garde donc ça sous le coude.
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Le slogan de ton blog les voyages à contre-courant hors des sentiers battus. C’est encore possible selon toi ?
Non seulement c’est possible, mais c’est même un jeu d’enfant. Si tu joues au jeu de la mappemonde comme ces gagnants au loto, tu tombes neuf fois sur dix sur de destinations où presque personne ne va. On lit souvent ici ou là que le tourisme s’est tellement développé qu’il y a maintenant des touristes partout, qu’il n’y a plus rien à découvrir. Plus rien à découvrir, sans doute, mais une région du monde où il n’y a qu’une centaine de visiteurs (comparé à des dizaines ou des centaines de milliers ailleurs), on peut tout de même appeler ça une destination hors des sentiers battus. On ne parle pas ici de terra incognita, mais simplement d’un lieu assez peu touristique.
Il faut bien se rendre compte que tout le monde va peu ou prou au même endroit, en suivant les modes du moment. En exemple très parlant, en 2014, 65 % des Français qui se sont rendus en Indonésie sont allés à Bali. Le ratio est sans doute comparable pour les autres occidentaux. Or Bali représente 0.2 % de la surface de toute l’Indonésie. Je veux bien que l’île ait bien des attraits, mais il n’empêche, c’est tout de même un peu grotesque non ?
Idem en Inde, si tu vas dans le Rajasthan, ce sont des hordes de touristes un peu partout. Quand je suis allé un mois dans le Gujarat, un état voisin du Rajasthan, j’ai croisé une dizaine de touristes occidentaux durant mon séjour.
Ça t’arrive de temps en temps de prendre l’avion ?
Malheureusement oui ! Bon, j’exagère, monter dans un avion n’est pas un drame en soi, mais c’est vrai que c’est un moyen de transport que je n’aime pas. Non pas que j’en ai peur, mais pour moi, les déplacements font intégralement partie du voyage, y compris la partie pour rejoindre le pays visité. L’avion en nous téléportant annihile toute notion de distance. En 10 heures, tu atterris presque à l’autre bout de la terre sans en prendre conscience. C’est pour ça que j’avais choisi durant mon année sabbatique de suivre un itinéraire terrestre, ou plus récemment, que je m’étais rendu en Chine en train depuis Paris ou encore au Bénin en cargo depuis Anvers. Mais évidemment, en partant pour un voyage d’un mois, sauf à passer la moitié du temps ainsi, ça n’est pas toujours très réaliste.
Tu as récemment écrit un article sur le voyage dans les dictatures qui a réuni de nombreux commentaires. Alors finalement, c’est dangereux et immoral ? Ou faut-il y aller ?
Dangereux non, c’est même souvent l’inverse. Nombre de dictatures sont des états très policés qui font que la délinquance y est le plus souvent relativement faible.
Pour le côté moral, à chacun de juger en son âme et conscience, mais je ne suis pas favorable aux boycotts. De mon point de vue, boycotter un pays, c’est en quelque sorte la double peine pour les habitants de ce pays. Non seulement ils sont privés de bien des libertés, mais en plus, il faudrait qu’ils soient maintenus reclus, sans étrangers venant visiter leur pays. Évidemment, il faut se renseigner et y aller en connaissance de cause. De plus, si on voyage au plus près des habitants, la majorité de l’argent dépensé est directement profitable à eux et pas au régime.
Dirais-tu que tu es un voyageur engagé ?
Je n’aime pas vraiment me considérer comme tel, car mettre ça en avant reviendrait à supposer que je fais de gros efforts. Or, il n’en est rien. Certes j’en fais pour limiter mon impact carbone (peu d’avions, plus jamais de courts séjours avec un vol). Je veille également en voyageant au plus près des habitants à ce que mes deniers profitent aux locaux plutôt qu’à je ne sais trop quelle chaîne hôtelière. Mais même si ça peut requérir parfois quelques efforts, ça me semble en fait être un minimum pas bien compliqué auquel tout le monde devrait s’astreindre.
Je sais que ça t’énerve alors je te pose la question : t’as fait combien de pays ?
547 pays, ça t’épate hein 😉 La course au nombre de pays visités est un effet le parfait exemple de notre société où tout devrait se consommer qui me fatigue. Mais comme tu m’as posé des questions très intéressantes sur des sujets qui me tiennent à cœur, j’ai fait un effort et ai fait mes comptes. J’arrive à 28 pays pour des séjours entre 2 semaines et plusieurs mois et une dizaine de plus si on ajoute les passages de quelques jours. Soit pas tant que ça en près de 20 années. Il va me falloir vivre vieux pour atteindre les 193 reconnus par l’ONU !
Ton Kiffistan rêvé, ça serait quoi ?
Un pays avec de très hautes montagnes, des habitants accueillants envers le touriste que je suis et d’autres touristes certes, mais pas des foules ! Parmi mes derniers voyages, c’est le Tadjikistan qui remporte le titre. C’est d’ailleurs au retour que ce nom, le Kiffistan, m’a traversé l’esprit. Ne me dis pas que quelqu’un l’avait utilisé avant, c’est impossible 😉 Pour ceux qui seraient perdus, le suffixe « stan » signifie plus ou moins pays en perse, d’où Kiffistan…
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C’est sympa d’en apprendre un peu plus sur Laurent. J’aime beaucoup sa façon de voyager car je m’y retrouve pas mal.
Rien n’est plus attirant qu’un pays dont j’ai la sensation de n’avoir jamais vu aucune image.
Il existe une panoplie de blogues de voyage, mais celui de Laurent fait partie de ceux qui me captivent le plus. Laurent ne décrit pas ces voyages comme les autres. Sa plume va au fond des choses et ses photos ont un petit côté d’études anthropologiques. Ne cherchez pas les articles sur Bali, la Thaïlande ou l’Australie sur son blogue. Laurent va dans les places qui te font dire « ça existe ça? ». C’est lui qui m’a d’abord fait découvrir le Tadjikistan et qui m’a par la suite convaincu d’y poser le pied cet été. Ce fut un voyage merveilleux! Comme nous semblons tous les deux s’intéresser aux mêmes types de voyages, il ne serait pas surprenant que nous nous retrouvions un jour assis à la même table pour partager un thé!
« ses photos ont un petit côté d’études anthropologiques »
C’est pas faux. Un petit côté rétro type pellicule Fuji 😉