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Evasion dans le nord de l’Irlande

L’Irlande, la verte Erin comme la définissent les poètes, est une île fascinante et ensorcelante. Ses paysages sont à la hauteur des images qu’on peut s’en faire : landes vallonnées, falaises impressionnantes, longues plages de sable blanc, lacs paisibles et tourbières se succèdent au gré des déplacements. La côte d’Antrim et le Donegal forment des paysages grandioses d’une terre de caractère. Avis aux amateurs de nature. J’ai découvert ce coin d’Irlande avec Allibert Trekking.

Ces beaux paysages, façonnés par un climat à la fois doux et rude, ne peuvent faire oublier les siècles de conflit entre irlandais et britanniques. A Belfast et (London)Derry, ville du Bloody Sunday, le passé nous rattrape et nous sort de l’envoutement des paysages irlandais. L’énigmatique Irlande prend alors des allures de drame.

L’identité culturelle, construite dans la douleur, associée au caractère insulaire ont développé chez les irlandais un sens de l’accueil unique et une chaleur humaine qu’on rencontre facilement dans les pubs de Belfast et d’ailleurs. Boire une Guinness prend alors un sens tout particulier !

Alors Fàilte Ireland comme le disent les irlandais pour souhaiter la bienvenue aux touristes de passage…

24 heures à Belfast

Balade dans le centre-ville

Fondée en 1827, les 11 ha du jardin botanique sont un bol d’air pur pour les habitants de Belfast. De petits sentiers pédestres serpentent entre les pelouses, les parterres de fleurs et les massifs d’arbustes.
Au détour des chemins, nous atteignons Palm house, une serre de palmiers construite dans une belle structure de fonte et de verre curviligne.

A deux pas du jardin botanique, l’architecture de la Quenn’s University en impose. Construite en 1845 par Charles Lanyon en briques rouges de style Tudor, le bâtiment est une réminiscence du collège d’Oxford.

Toujours plus au nord, l’hôtel de ville est une belle construction dans le plus pur style de la renaissance. Achevé en 1906 pour commémorer le statut de « city » donné à Belfast par la reine Victoria, le bâtiment en pierres de portland est recouvert d’un dôme de cuivre coiffé d’une lanterne de pierre qu’on peut voir de presque toute la ville.

Parce que Belfast ne serait pas la capitale d’Irlande du nord sans ses pubs, nous nous engouffrons au hasard dans un établissement. Un groupe distille un rock irlandais énergique dans un semblant d’indifférence générale. On y vient pour boire une Guinness entre amis et y écouter de la musique, pas pour voir un concert. Tard dans la soirée, nous rejoignons notre hôtel le regard voilé et le cÅ“ur réchauffé.

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Les Murals

Les quartiers de Belfast regorgent de murals, ces peintures murales réalisées à la gloire des loyalistes britanniques et des républicains irlandais.

La première fresque loyaliste a été peinte à Belfast vers 1908 pour commémorer la bataille de Boyne du 12 juillet 1690 et ainsi réaffirmer la loyauté à la Couronne d’Angleterre et la suprématie sur la population de confession catholique.

Les premières fresques de propagandes républicaines apparaissent à la fin des années 1970 pour lutter contre les injustices sociales, économiques et politiques subies par les catholiques

C’est dans les quartiers nord et ouest de Belfast qu’on trouve les plus belles fresques à la gloire de l’Armée républicaine irlandaise. En contactant l’office de tourisme, il est possible de se faire guider par d’anciens prisonniers de l’IRA pour découvrir le cÅ“ur du conflit armé qui a opposé l’IRA au Royaume-Uni.

Au delà des peintures murales, on rencontre d’autres signes du conflit nord-irlandais : certaines rues sont toujours marquées aux couleurs des drapeaux nationaux : bleu, blanc, rouge pour les protestants et vert et jaune pour les catholiques. Les angles des rues, bordures et feux tricolores, délimitaient l’appartenance des territoires, et mieux valait rester dans son quartier si on souhaitait rester en vie.

Le conflit nord-irlandais prend ses sources dans l’asservissement des irlandais catholiques au Royaume-Uni. Petit retour sur une histoire douloureuse…

Après avoir bravé les attaques répétées des Vikings du VIIe au XIIIe siècle et les divisions des clans, les irlandais passent sous la couronne anglaise en 1509. Du XVIe au XVIIIe siècle, les irlandais ne cesseront de se révolter mais chaque soulèvement amène des représailles terribles du Royaume-Uni : massacres, confiscation des terres, promulgation de lois anticatholiques…
Après la grande famine du milieu du XIXe siècle, le mouvement vers l’indépendance de l’Irlande redémarre, notamment sur le plan politique. Au fil des décennies, la couronne anglaise laisse échapper quelques signes d’amélioration.
Le 6 décembre 1921, le traité de Londres abouti à l’indépendance de l’Irlande, amputée d’une grande partie de la province de l’Ulster, restée sous couronne britannique. En février 1948, la République d’Irlande est proclamée.
Suite aux discriminations quasi systématiques des catholiques d’Irlande du nord, le conflit nord-irlandais démarre à la fin des années 1960. Il se cristallise autour de deux projets politiques contradictoires : une volonté de réunification de l’île, exprimée par la plupart des catholiques, et qualifiée de «nationalisme catholique», une volonté de préservation et même de renforcement du lien avec la Grande-Bretagne, défendue par la majorité des protestants, «l’unionisme». Si la querelle théologique est absente du conflit, les Eglises y jouent un rôle central.*
Les années 1990 sont celles de la résolution du conflit dont les deux dates majeures restent l’accord de paix du vendredi Saint du 10 avril 1998 et le dépôt des armes de l’IRA le 28 juillet 2005.

L’’antagonisme entre unionistes et républicains s’est apaisé et Belfast tente de sortir de ce lourd passé pour aller de l’avant.

* Elise Féron, « Les Eglises et le conflit nord-irlandais », Ceras – revue Projet n°281, Juillet 2004.

De la distillerie Busmills à la chaussée des géants

Distillerie de Bushmills

La journée commence par la visite de la plus ancienne distillerie de whiskey du monde encore en activité ! C’est en 1608 que la licence est officiellement remise à la distillerie même s’il est fait mention de distillation d’eau de vie dès le XIIIe siècle. Depuis, le whiskey ne cesse d’y être produit. C’est aujourd’hui la dernière distillerie en activité en Irlande du Nord. Vous remarquerez que je dis whiskey et non pas whisky. On le prononce de la même façon mais on l’écrit différemment pour le différencier de l’eau de vie écossaise. Tous les whiskeys fabriqués sont faits à partir d’orge maltée, c’est-à-dire d’orge germée puis séchée dans des fours fermés, de levure et d’eau de source.

La visite montre les différentes phases de la production du breuvage :

  • Brassage : L’orge maltée est broyée en une farine (le grist) uis mélangée avec de l’eau chaude dans une cuve (Mash Tun). Le liquide obtenu s’appelle le « wort ».
  • Fermentation : C’est à ce moment là que la levure est ajoutée au wort. Les sucres contenus vont être transformés en alcool. Le liquide obtenu, le wash, a un degré d’alcool de 8%.
  • Distillation : Le wash est pompé vers les alambics en cuivre pour y être distillé trois fois alors que les whiskys écossais ne le sont que deux fois. Cette troisième distillation donne un goût plus pur et plus doux.
  • Vieillissement : le spirit (liquide obtenu après la 3e distillation) est recueilli dans une grande cuve où le degré d’alcool y est réduit en ajoutant de l’eau ure. Il est ensuite transféré dans des fûts de chêne aux arômes de Xérès, Bourbon et de Porto et vieillira pendant plusieurs années, cinq au minimum.
  • Assemblage : Le Maître distillateur contrôle régulièrement la qualité du whiskey aux différents stades de vieillissement. Au moment opportun, il assemblera des quantités précises de whiskeys provenant de différents fûts dans une cuve où ils seront mariés avant la mise en bouteille.
  • Mise en bouteille : Dernière étape de la production, les bouteilles sont rincées puis remplies automatiquement des différents whiskeys

Le petit tour se termine par une dégustation et un passage par la boutique.

Ressources pour voyager

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C’est encore avec les arômes du malt dans la bouche que nous partons randonner le long de la Causeway Coast.

Tél. + 44 (0) 28 2073 3218 – www.bushmills.com

Carrick-a-rede Rope Bridge

Face à l’île de Rathlin où se rassemblent des milliers d’oiseaux de mer au début de l’été, il faut un petit quart d’heure depuis le parking pour franchir le pont suspendu. L’arrivée sur Carrick-a-rede Rope Bridge est de toute beauté.

Le pont de corde, 25 mètres au dessus du niveau de la mer, rebondit tandis que l’on s’aventure sur les planches. En bas, les vagues viennent se fracasser violemment sur les rochers. Ambiance garantie !

Si aujourd’hui, le site est devenu une attraction touristique, il n’en fut pas toujours le cas. A l’origine, le pont servait d’avril à septembre aux pêcheurs pour qu’ils suspendent leurs filets et attrapent les saumons lors de leur migration le long de la côte à la recherche de leur frayère.

Chaussée des Géants

Depuis les ruines du Dunseverick Castle, nous partons en randonnée le long de la Causeway coast. Sur le chemin, des falaises impressionnantes, des criques isolées, des plages désertes, des oiseaux marins virevoltant autour de nous et des fleurs en cascade (ajonc, orchidée…).

Après deux bonnes heures de marche, le site de la chaussée des Géants est en vue. C’est l’attraction touristique la plus célèbre d’Irlande du Nord. Classé au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, la chaussée constitue le plus bel exemplaire d’une série de formations géologiques identiques qu’on trouve sur la côte d’Antrim.
Selon la légende, le géant Finn McCool aurait brisé en morceaux une roche volcanique pour en faire un chemin de colonnes jusqu’à l’Ecosse afin de permettre à son homologue écossais, le géant Bennan Bonner de venir participer à une épreuve de force. Quand celui-ci, vaincu, rentra en Ecosse, la chaussée se déroba sous ses pas.
En réalité, les 40 000 colonnes de basalte imbriquées les unes dans les autres ont été crées il y a 60 millions d’année à la suite d’une éruption volcanique qui toucha également l’Ecosse, l’Islande et le Groenland.

Puis, route pour Londonderry où nous partons écumer les pubs.

Fàilte Donegal

(London)derry

Deuxième ville la plus importante d’Irlande du Nord après Belfast, le nom de la ville fait l’objet d’une querelle entre les républicains majoritairement catholiques et les unionistes principalement protestants. Au XVIIe siècle, la ville se voit ajouter London devant son nom d’origine Derry lorsque les territoires de République d’Irlande furent confiés aux corporations de Londres. Les républicains catholiques l’appellent toujours Derry.

Mais la ville, quelque soit le nom qu’on veut bien lui donner, est tristement célèbre pour son « dimanche sanglant », le « bloody Sunday » chanté par U2 dans la chanson « Sunday bloody Sunday ». Le dimanche 30 janvier 1972, quatorze manifestants sont tués par l’armée britannique lors d’une marche organisée par l’Association des Droits Civiques d’Irlande du Nord pour obtenir l’égalité pour tous les citoyens nord-irlandais et la fin des pratiques discriminatoires des pouvoirs locaux envers les catholiques au niveau politique, social et économique.

Une peinture murale des artistes du Bodgside rend hommage aux quatorze victimes du Bloody Sunday. Les Bogside Artists, Kevin Hasson, Tom et William Kelly ont commencé à peindre sur les murs des habitations du quartier du Bogside de Derry en 1994. Les fresques retracent avec force l’épisode du conflit nord-irlandais. « The Petrol Bomber » (le lanceur de cocktail Molotov) relate les trois jours de bataille du Bogside d’août 1969 qui marque le début du conflit nord-irlandais. C’est une des fresques les plus poignantes.

La péninsule d’Inishowen à pied

Depuis Londonderry, nous quittons l’Irlande du Nord pour le Donegal en République d’Irlande et gagnons la péninsule d’Inishowen, plus grande péninsule d’Irlande, coincée entre deux vastes estuaires, le lough Foyle à l’est et le lough Swilly à l’ouest. Nous retrouvons la côte irlandaise sculptée par les assauts de la mer. La matinée débute par la visite du Doagh Famine Village.

L’écomusée du Famine Village retrace l’histoire de la famine qui a sévit en Irlande au milieu du XIXe siècle. C’est aussi un lieu où l’Histoire de l’Irlande de 1840 à nos jours a été retracée avec conviction par le propriétaire du musée.

Le musée a été construit sur la propriété familiale. La maison en toit de chaume, qui se visite, a été habitée jusqu’en 1983. L’entrée de l’Irlande dans l’Union Européenne a permis le développement d’un nouveau type d’habitations, ce qui donne encore plus de légitimité au musée.

Tel : +353 (0) 74 93 78078 – http://www.doaghfaminevillage.com

Après la visite du Doagh Famine Village, nous partons à pied sur le littoral d’Inishowen bravé le mauvais temps qui s’acharne sur la côte. Quelques phoques gris ont investi les criques sans se soucier de la météo. Pas besoin de protection contre la pluie quand on vit déjà dans l’eau !

Après deux heures de cavalcade sous les assauts du vent et de la pluie, nous arrivons à Malin Head où se dresse une tour construite en 1805 par l’Amirauté britannique pour contrôler la navigation près des côtes. On est ici au point le plus septentrional d’Irlande.

Parc national Glenveagh

Le lendemain matin, avant de s’envoler vers Dublin puis vers Paris depuis l’aéroport de Donegal, nous faisons un passage rapide au parc national de Glenveagh. Plus grand parc national d’Irlande avec près de 10 000 hectares, il renferme des paysages magnifiques et variés de collines, de montagnes, de landes, de tourbières, de forêts et de lacs autour du lac du Lough Veagh au bord duquel se dresse un château entouré de jardins.

Nous cantonnerons notre visite au château et à ses jardins. Construit en 1861 par John Georges Adair, le château fut racheté par un américain de Philadelphie en 1937 qui vendit la terre en 1975 et fit don du château et des jardins en 1983.

Ainsi se termine ce voyage d’une petite et trop courte semaine dans le nord de l’Irlande à cheval entre l’Irlande du nord britannique et la République d’Irlande avec comme points communs une histoire meurtrière et des paysages somptueux à faire damner catholiques et protestants.

Fondateur des blogs I-Voyages.net, www.i-trekkings.net et www.my-wildlife.com, je blogue Voyage, Roadtrip, Outdoor et Safari. J'encadre aussi des voyages photo animaliers en Europe, Asie et Afrique.

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