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Les vallées secrètes de Touchétie en Géorgie

 

La Touchétie au nord-est de la Géorgie est une région secrète aux confins du Caucase.

Ces vallées difficiles d’accès même en été, sont un des endroits les moins habités  du Caucase où rien n’a changé depuis les invasions de Tamerlan. 3 jours ont suffi pour apprécier les secrets des vallées de Touchétie.  

En piste pour des sommets d’aventures et de bien-être ! 

Touchetie, road to Abano pass
Fameuse route en lacet des gorges d’Alazani, pour le Col d’Abano (2826m) qui mène en Touchetie, photo ©Gil Giuglio Photo-tourisme.com

Arrêts compris pour les dégustations des fameux vins géorgiens de la Karetie sur notre route , il a fallu deux heures et demie de route asphaltée depuis Tbilissi la capitale , jusqu’au point de rendez-vous avec nos 4X4 au pied des montagnes ciblées pour ce voyage découverte. 

C’est devant le long mur d’enceinte du monastère d’Alaverdi que nous sommes transférés du van aux deux 4×4 parfaitement équipés qui nous attendent.

Arrêt au vignoble Shumy dans  la région de Kakheti et sur la route entre Tbilissi et  la Touchetie, ©Gil Giuglio Photo-tourisme.com

Un paysage époustouflant

Les chauffeurs hirsutes, monolingues, mais souriants et aux petits soins, proposent comme chez nous il y a bien longtemps, des cigarettes pour briser la glace dès que les voitures démarrent. 

Nous traversons la rivière Alazani et en moins de 100 mètres, la route se transforme en piste caillouteuse et légèrement ascendante pour s’enfoncer dans la vallée de plus en plus étroite. 

Des hameaux faits de maisons disparates, des pelouses sauvages le long du tumultueux torrent Alazani, c’est déjà sur le flanc gauche la Réserve naturelle de Batsara. Même ici au pied des montagnes, le paysage boisé par des conifères donne envie d’y marcher des jours entiers. À même la route, les cascades d’eau parfaitement pures et fraîches nous permettent de ravitailler les gourdes.

Nous gardons le cap de l’ascension toujours en étant bringuebalés à l’arrière ou à côté des chauffeurs. L’aventure commence réellement dans ces véhicules. À force de s’agripper aux poignées pour ne pas s’écraser sur les plafonniers, nous transpirons autant que si nous avions fait le route à pied. 

En 1h et une centaine de nids de poule plus loin, nous croisons un camion-citerne de l’ère soviétique. Je me demande encore comment nous avons pu nous croiser sans finir quelques dizaines de mètres plus bas dans le torrent. 

Région Kakheti , fameuse gorges d’Alazani, 4×4 sur piste en lacet pour le Col d’Abano (2826m). Seule cette piste permet le passage en Touchetie, ©Gil Giuglio Photo-tourisme.com

Touchétie secrète

Je comprends pourquoi la Touchette reste secrète.

Le paysage est époustouflant. On peut clairement voir la route en lacets sans fin toujours au flanc de la montagne. 

Les épingles à cheveux sont nombreuses et impressionnantes jusqu’au col d’Abano (1900m). C’est d’ici qu’on peut enfin distinguer le pays Touche, cette contrée qui même en Géorgie à une réputation secrète et inaccessible d’accès. Sur ce col, l’environnement est très minéral. 

On descend de l’autre côté. Direction nord-est vers les montagnes du Daguestan et de la Tchétchénie voisines. Le creux de vallée où passe la piste est encore plus étroit qu’au début du périple. Des conifères commencent à laisser place aux rochers. Le bruit du torrent est fort. Il faudra 45 minutes sur cette piste pour enfin arriver aux premières habitations isolées et qui annoncent  le premier hameau : Khiso (1839m). 

La région n’usurpe pas de l’imaginaire qui la précède. J’ai rarement vu une contrée si isolée, sauf peut-être sur les versants de l’Himalaya côté Tibet. 

C’est presque une délivrance quand avant la tombée de la nuit, nous arrivons dans le village très clairsemé d’Omalo-bas (1885m). (Omalo, chef lieux de cette micro-région se divise en 2 parties : une haute à presque 2000 mètres et une basse). Incroyable, nous sommes dans un paysage d’alpage suisse très paisible. 

Une hospitalité touchante

Ici, le tourisme n’est pas encore roi, le visiteur bénéficie encore des bienfaits de l’hospitalité Touche. Celle-ci se traduit à coup sûr par un repas gargantuesque composé de plats fait maison. Toute la Géorgie est sur la table de notre guest-house équipée pour recevoir des groupes. Le khatchapouri, plat national est comme une tourte au fromage. Les khinkalis, ces raviolis locaux aux épices et aux herbes aromatisées, les mtsvadis ou brochettes avec leurs variantes à base de poissons ou de viande suivant les régions. La liste n’est pas exhaustive. Ici, bien manger se fait rarement sans chanson. Autre preuve d’un accueil chaleureux, la maîtresse de maison improvise un chant polyphonique si typique des montagnes du Caucase. Personne ne parle. Tout le monde et sous le charme, nous dormirons très bien.

Touchétie, Géorgie
Dans les vallées de Touchétie, ici dans la guest-house du village de Lower Omalo ou nous dormirons, nos hôtes préparent les khatchapouri, ces tourtes au fromage et véritable plat national géorgien. ©Gil Giuglio Photo-tourisme.com

Le jour suivant, le petit déjeuner est tout aussi copieux ; il est fait aussi du fameux khatchapouri en version matinale et nous voici 20 mètres au dessus de notre gîte au pied des tours de pierres surplombant bon nombre de village quelques soit la région du pays. 

Ces 6 tours qui dominent et fonds la silhouette d’Omalo-haut sont encrées dans un piton rocheux au moins depuis le 15ème siècle. Elles on été érigées à l’époque pour servir de logement, de grenier et pour se défendre des agressions claniques, l’une d’elles sert aujourd’hui de petit musée rural dans lequel, Georghui notre hôte est aussi en charge des visites, nous introduit. Nous apprenons les principales régences très codés ce ces véritables forteresses : au milieu, le feu appelé kera. Les femmes vivent à gauche, les homes à droite. 

À l’étage sont exposés divers objets de culte païen, des outils agricoles, des reliques de l’ère soviétique. 

Nous redescendons toujours à pied sur Omalo-bas. Ravitaillement à lune des trois épiceries locales et chemin faisant nous serpentons sur de larges sentes qui ici traversent une forêt, là enjambent un torrent et souvent poussent à la grimpette. 

Touchétie, Géorgie
Les tours du village de Upper Omalo vues depuis Lower Omalo. Elles sont véritablement emblématique des vallée de Georgie. Photo : Gil Giuglio Photo-tourisme.com

L’hospitalité encore

Malgré la situation isolée de la région, le balisage y est très précis et bien développé, Parc National de Touchétie oblige. Les indications du nombre d’heures de marche pour atteindre les villages environnants et les guest-house qui promettent d’y trouver le meilleur khatchapouri du pays nous aident à marcher avec entrain.

Nous somme aussi en plein cœur de la Tusheti Strict Nature Reserve en service depuis 2003. Suffisamment longtemps pour que cela ait ici du sens en Géorgie. 

Nous croiserons lors de notre séjour plusieurs rangers qui veillent sérieusement à la gestion des lieux. En parlant avec eux, on se rend compte que c’est quelque chose de très concret. 

Touchétie, Géorgie
Vassili est ranger du National Park of Touchetie. Ici devant son poste au pied du Col d’Abano à l’entrée de la vallée.Photo : Gil Giuglio Photo-tourisme.com

Il est midi, nous arrivons à Shenako. Les maisons y sont là aussi en pierre et pour la plupart, les  portes restent ouvertes. C’est comme ça que tout notre groupe qui marche en accordéon se retrouve finalement autour de la table de Sosso et Lia. Un couple de jeune retraité habitant Tbilissi est qui revient passer l’été au frais dans les montagnes natales de madame. Pas un mot d’Anglais ; seul le Russe que personne d’entres nous parle pourrait nous aider à converser, mais miracle de Babel, nous nous comprenons très bien. La bonne humeur est de mise. Sur la table, en moins de 3 minutes, nos hôtes ont sorti tout ce qui pouvait se manger et nous l’offre de bon cœur.

1 heure plus tard, nous arrivons au village de Dartlo (1830m). Au pied de ce village l’église est en ruine, mais l’ascension sur la colline qui surplombe l’endroit est très attirante. Nous y atteignons l’ ensemble des tours de Kvavlo (2150m).  la vue y est magnifique. L’aller-retour en valait la peine. 

Retour et descente à l’église et  nous nous enfonçons dans la vallée de plus en plus minérale et que la rivière Bilikirikitis Alazani semble avoir creusé. Marche tranquille en direction de Diklo le long du torrent parsemé encore au mois de juin de gros névés. On imagine facilement la rivière débordée à la fonte des neiges.

Ressources pour voyager

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Touchétie, Géorgie
La très belle église géorgienne dans le village de Shenako. Photo : Gil Giuglio Photo-tourisme.com

Attention chien pas méchant, mais…

C’est sur cet itinéraire, que je vais vivre un des moments les moins agréables du  voyage. 

Photos et vidéos faisant, je me laisse distancer par notre groupe et me retrouve ainsi à couper l’axe de vision entre des chiens de troupeau et un groupe de vache en pâture. Les deux énormes chiens, bondissent et aboient jusqu’à grogner à deux mètres derrière moi tandis que sueur dans le bas du dos, j’essaie de ne pas montrer de signes de panique.

Pas de berger en vue, pas de bâton, pas de cailloux à terre… Je suis sauvé par le retour en arrière d’un camarade qui brandit son bâton de marche.  Voilà l’expérience vécue à éviter. C’est le seul véritable danger en Touchétie et même dans toute la Géorgie. Tous les guides préviennent des chiens de berger très efficaces contre les attaques de loup présent ici aussi. Ne le prenez pas à la légère. Ça se passe très vite. 

Nous arrivons en fin d’après midi à Diklo (2150m), minuscule village qui en été a le mérite d’être habité par des Touches qui y vendent de l’artisanat très local et souvent à base des laines des moutons. 

Allez ! il est 15h, on pousse la dernière section de marche vers Parsma (2080m) que nous atteignons vers 16h. C’est encore un village perché et chapeauté de ces emblématiques et souvent intactes tours en pierres de granit.

Là encore, repos du marcheur oblige, à la terrasse d’une maison qui encore une fois nous est ouverte nous dégustons dans la bonne humeur une Kazbegi la bière nationale.

En contre-bas, les 4×4 nous attendent pour nous ramener à Omalo.

Touchétie, Géorgie
Tour du hameau de Kvavlo (2150m) au dessus de village de Dartlo (1830m). Photo : Gil Giuglio Photo-tourisme.com

Les cinq sens en éveil

Dernière nuit en Touchétie, derniers khatchapouris, dernier champs polyphoniques, embrassades et le lendemain.

C’est le jour 3 que nous commençons par la descente  à Tbilissi par la même route qui étrangement nous semble dans ce sens, bien moins cahoteuse qu’à l’aller.  

En trois jours nous nous sommes coupés du monde, avons probablement admiré les plus beaux paysages du Caucase. Renoué avec un monde de sensations dans lequel nos cinq sens étaient sollicités. Des paysages vierges, des odeurs fruitées, boisés, des mets parfaitement bio. Nous avons entendu les sons des insectes bourdonnant gentiment dans des alpages seulement troublés par le son des cloches de vaches.  Bref, nous avons touché une certaine grâce en Touchétie !

Touchétie, Géorgie
Un berger dans la plaine d’Omalo au coeur du Parc National de Touchetie. Attention aux chiens ! Photo : Gil Giuglio Photo-tourisme.com

Informations complémentaires et cahier pratique

La Georgie c’est aussi :

Tbilissi, la capitale. Avec ces faux airs d’un Paris Haussmannien, la ville regorge de choses à voir et à faire. 

C’est une architecture très moderne le long de la rivière Kura qui traverse la capitale, mais aussi une vieille ville intacte. 

À Tbilissi, Abstract New Cultural Complex dans Rick Park au centre ville, le long de la rivière Kura. Photo : Gil Giuglio

 

Ne ratez pas les bains sulfurés d’ Oberlianie. Tbilissi est né sur un bassin thermal depuis l’Antiquité. 

C’est aussi des endroits très tendance avec par exemple le complexe du Moulin Electric où dans une longue cour vous trouverez restaurants, bars lounges, pubs, hôtels, boutiques équitables, galerie d’arts… à voir les soirs du week-end pour profiter d’une jeunesse locale très arty. 

Comptez en moyenne 5 laris, la monnaie géorgienne, pour un  bière locale.

1 euro = 3 Lari (18 aril 2019)

Tbilissi un vendredi soir, l’espace très tendance et art de la capitale : le complexe du Moulin Electric au coeur de la ville. Photo : Gil Giuglio Photo-tourisme.com

Avec qui partir ?

Ce voyage a était réalisé avec Nomade Aventure qui depuis longtemps prend un soin tout particulier à monter et proposer des voyages de qualité en Georgie.

Le tour-opérateur propose aussi de découvrir une autre fameuse vallée du pays : la Svanétie toute à l’ouest de la Georgie. 

Le Trek aux Confins du Caucase de 9 jours dont 8 dans les montagnes de Svanétie permet de découvrir une autre région tout aussi reculée et intact, mais véritablement riche pour y faire un trek parmi les plus beaux du Caucase. Vous dormirez dans l’un des villages habités toute l’année et parmi les plus hauts d’Europe : Ushguli  à 2200 mètres. Le site est classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. 

La ville qui fait office de camp de base en hôtels est Mestia. Ici c’est le Chamonix du Caucase. Seuls des prix tirés vers le bas et une bien moindre fréquentation en font un bourg de montagne très agréable où le patrimoine culturel ne manque pas. Mestia est sa région on certainement le taux le plus élevé et le plus concentré de tours en pierre si emblématiques de la Géorgie.

Certaines d’entre elles sont à Mestia et aux alentours. Elles sont aménagées pour l’hébergement et la restauration.  

Sans s’éloigner, Mestia offre aussi des sentiers de randonnées qui partent du centre-ville

Ce reportage est tiré d’un trek inscrit au catalogue Nomade pour l’appellation Le Caucase intégral.

Nomade Aventure propose aussi des trekking en Svnaetie, l’autre région à découvrir en Georgie. Nous sommes là dessus du village de Mestia, sur le chemin vers le Pic de la Croix (Djvris Mta) à 1206 mètres. Photo : Gil Giuglio Photo-tourisme.com

 

 Vol entre Paris et Tbilissi (4h15) réalisé en partenariat avec Georgian Airways. 2 vols réguliers par semaine au départ de Paris. 

Avant partir il est bien de se renseigner auprès du Georgian National Tourism Administration (GNTA) qui à ce jour propose les infos pratiques et administratives les plus complètes au préalable de votre séjour.

La meilleure. saison pour entreprendre les trekkings dans les montagnes de Géorgie se situe entre fin avril, début mai jusqu’à mi octobre. 

Photographe depuis l'ère argentique, j'enrichis mes reportages par le texte. Revenir plusieurs fois sur une même région est à mon sens la seule façon d'en saisir l'essentiel. Peu importe le nombre de miles parcourus, les plateaux de l'Aubrac restent aussi exotiques que Kangaroos Island, South Australia.

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